Première Sortie
6.1
Première Sortie

Film de Hugh Wilson (1999)

Première sortie est une gentillette comédie qui ne repose que sur une idée centrale un brin légère, celle d’une famille isolée du monde, ayant cru que la planète s’était embrasée dans un conflit nucléaire. Ils sortent de leur abri atomique au bout d’une trentaine d’années. L’idée simple mais tout de même assez casse-gueule, se révèle comme on pouvait le craindre assez naïve.


Pourtant, grâce aux acteurs, le film n’est pas non plus dénué de charme. On sent surtout chez les auteurs une certaine nostalgie des années 50. D’aucuns pourraient fustiger le regard un brin caricatural de la modernité et que le hiatus entre les deux périodes est un poil exagéré, que le scénario manque de finesse. Ce n’est pas faux, mais la comédie se nourrit me semble-t-il ici de caricatures. Les personnages sont particulièrement typés, certes.


Toutefois, au delà de ces stéréotypes, les acteurs parviennent à donner à leurs petits défauts une part de poésie et de comique plus sombre. Par exemple, la façon dont les parents hyper angoissés, ancrés dans des certitudes absurdes font presque pitié quand ils se rendent compte de l’horreur absolue, celle d’avoir passé 30 ans de leur vie dans leur abri pour rien. La prestation un brin halluciné de Christopher Walken vaut le détour. Mais c’est la désespérée housewife Sissy Spacek qui m’a touché le plus.


J’avoue que j’aime bien la prestation de Brendan Fraser dans un rôle particulièrement compliqué de grand échalas naïf et ringard. Pas sûr que son personnage existat réellement dans les années 50.


C’est là que l’on songe le plus à la maladresse de ce scénario, mais en fait cette sur-exploitation de l’iconographie des années 50 et de l’idéologie qui en résulte, montre bien par contraste l’absurdité de la mythification des années 50, des Trente glorieuses, du “c’était mieux avant”. Bien entendu que les années 50 étaient beaucoup plus complexes et ne se limitaient pas à la peur de guerre atomique.


Quoiqu’il en soit, ce petit film illustre bien toutes ces contradictions. Néanmoins, il ne faut pas non plus en gonfler la valeur : il amuse plus qu’il n’apporte une grande réflexion.
Captures

Alligator
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le 11 déc. 2018

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Alligator

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