"Première victoire" sera la dernière grosse production d'Otto Preminger et un des derniers films de son genre a être en filmé en noir et blanc. Peut-être le blockbuster de trop dans sa carrière. Cette reconstitution historique de l'entrée en guerre des Etats-Unis avec l'attaque de Pearl Harbor, bénéficia du soutien logistique de l'armé américaine. Et ça se voit ! Mr Preminger ne s'est privé de rien, destroyer, sous-marins, hydravion, bombardier et tout le matériel qui va avec ! Sans compter les explosions en nombres dans le film. Mais malgré la débauche de moyens déployé pour le tournage du film, celui-ci n'eut pas un grand succès à sa sortie. En fait il marque la fin d'une époque et d'un genre dont le public s'est lassé. Ironiquement son film suivant "Bunny Lake a disparue" sera un petit film à succès car répondant aux nouvelles attentes d'une nouvelle génération du public, qui en avait marre des grandes fresques historiques.
Aujourd'hui il est temps de reconsidéré le film et il faut admettre qu'il passe plutôt bien l'épreuve des année. Surement est-il mieux apprécié maintenant qu'à l'époque de sa sortie. On notera quand même quelques points faibles comme les coiffures de ces dames totalement anachroniques ou quelques incohérences comme ce pli jeté d'un avion qui atterrit à 5m de l'acteur au sol... ou une bataille navale finale où l'on sent bien que ce sont des maquettes qui explosent. Les spécialistes en militaria relèveront eux, surement beaucoup d'anachronismes, car bien que le film ai eu le soutien officiel de l'armé, celle-ci avait renouvelé et modernisé tout son matériel depuis la guerre. Mais outre ces erreurs techniques, le mise en scène montre déjà un certaine modernité dans les rapports entre les personnages (une femme mure qui drague ouvertement un homme, le viol par un officier, la politique show business de certains gradés) tout n'est pas rose ou valeureux dans les personnages. Mais Preminger ne passe pas encore tout à fait le cap du genre. Le jeu de John Wayne reste lui inébranlable comme son personnage et incarne encore le vieux Hollywood.