Fatras nombriliste
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L'amour fou. La guerre lasse. L'amour, hélas. Prénom Carmen. Au nom du God-Art. Jean-Luc et Raoul subliment le ressac, les corps et les lumières de la ville. Maruschka Detmers, sculpturale. Bizet siffloté dans un bistrot, Beethov en musique de chambre, Tom Waits en matinée chagrine. Un braquage explosif, filmé comme une grande scène d'action romantique. Godard qui filme tout mieux que nul autre, cadrant dans une rigueur lyrique désarmante, jouant avec les sons, avec la musique, avec une main, une nuque, une chevelure...
Comme souvent avec JLG le film n'explique rien mais exprime beaucoup, s'imprime comme un poème d'une tristesse énorme, plein de sons limpides et d'images émulsives. Il y a la lumière de Coutard, la beauté de Detmers, la présence de Villeret, le clin d'oeil à Gabin, le mythe revisité. Farouche mais terriblement beau Prénom Carmen est un film mélancolique, mêlant comique burlesque et spleen tragique. L'histoire est simple, universelle, intemporelle, dense jusqu'à l'indécence. Accompagné de sa compagne Anne-Marie Miéville Godard construit son film comme un concert visuel scandé par des intermèdes musicaux : en bon monteur parallèle JLG évoque un opéra de tous les possibles, atteignant des sommets de modernité cinématographique. Indicible, provocateur mais profondément émouvant.
Quatre ans avant l'amusant Soigne ta droite Godard campe dans les champs de son morceau de cinéma, jouant un réalisateur atteint d'idiotie ou de folie douce : pied de nez aux producteurs bien gros pour un film tourné dans la réduction technique, au coeur duquel Godard ausculte les sons, les amplifie ou les interrompt pour mieux interroger les images. Il cherche le mouvement comme Van Gogh aurait cherché le jaune dans un monde privé de soleil, le cinéma-tographe dans un monde où les vues auraient remplacé le regard. L'un de ses plus beaux films.
Créée
le 14 avr. 2021
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