Avant le début de ma séance, je repensais aux craintes que j'avais vis-à-vis de Presque et du sujet délicat qu'il désirait traiter sous un aspect pour le moins intriguant : le handicap dans un road trip feel good. Je m'imaginais déjà une comédie dramatique dégoulinant de pathos mièvre bonne à faire tirer la larme gratuitement tout en en se permettant de survoler son sujet, préférant avant tout faire pleurer plutôt que faire réfléchir.
Et pourtant, après 1h30, le constant est clair. Ce film est une totale réussite dans ce qu'il entreprend, si ce n'est plus. Alexandre Jollien connaît pour le coup fort bien son sujet, étant né infirme moteur cérébral des suite d'une strangulation par cordon ombilical, et ayant développé tout une réflexion à travers des œuvres littéraires complètes et réfléchies, telles que son Eloge de la Faiblesse. Dans une volonté de mettre en scène son propre vécu, lui et Bernard Camplan, collaborateurs de longue date, offre ici une comédie dramatique d'une justesse et d'une tendresse rare vis-à-vis du sujet qu'ils développent.
Ici, un homme handicapé se retrouve aux côtés d'un croque-mort durant une de ses missions à Montpellier, et bon gré mal gré, ce dernier n'a d'autre choix que de s'occuper de lui. Et là où le film pourrait aisément tomber dans le piège d'une comédie too much dans l'humour ou bien inversement côté dramatique, le récit est maîtrisé de bout en bout, alternant diverses rencontres humaines exceptionnelles, à l'image d'une qui réussit à merveille à traiter le thème des relations charnelles quand on est une personne infirme. Le tout est affublé d'une sublime bande-son composée par Niklas Paschburg, débordante d'émotions mais pourtant minimaliste de par un usage sobre et efficace de guitare acoustique, de piano, de violons et de tonalités electro.
Finalement, on s'émeut aisément de l'humanité qui transparaît du récit et de sa simplicité à traiter un thème pourtant si complexe, dû tout simplement au fait de laisser l'histoire se dérouler sans scènes tire-larmes et en laissant avant tout les émotions pures prévaloir sur le handicap. On délaisse ainsi les poncifs éculés pour offrir une réflexion d'une efficacité totale sur le spectateur, mise en lumière par Igor, cet homme infirme désirant simplement montrer qu'il est bien plus autonome que ne veut bien le croire le monde qui l'entoure.