Malgré l’avis de son père (Fritz Eckhardt), qui aimerait le voir devenir conducteur de train à sa suite, mais soutenu par sa mère (Bruni Löbel), le jeune Tony Fiala (Vincent Winter) intègre le prestigieux chœur des Petits Chanteurs de Vienne. Le bienveillant chef de chœur Max Heller (Peter Weck) repère vite la voix exceptionnelle du jeune garçon, mais tous ne voient pas cela d’un bon œil, spécialement Peter Schaefer (Sean Scully), à qui Tony vole la vedette…


Les studios Disney ont toujours été plein de ressources, mais les années 1950-1960 constituent sans doute leur période la plus foisonnante. Alors que leurs films d’animation sont à l’apogée de leur créativité, et qu’un renouveau marque leurs films en images réels depuis leur première incursion dans la comédie avec le sympathique Quelle vie de chien !, ils nous proposent un nouveau film musical, plus dramatique que son savoureux prédécesseur Babes in Toyland. Ici, il ne s’agit pas à proprement parler d’une comédie musicale, étant donné que les numéros musicaux que l’on entend sont uniquement des pièces de concert, mais indéniablement, Presque des anges s’avère tout aussi efficace.
Tourné intégralement en Autriche, ce qui lui garantit une agréable authenticité, le film de Steve Previn s’appuie sur un programme musical de choix, illustrant à merveille la richesse de la musique allemande et autrichienne, allant de Mozart à Brahms en passant par Schubert, Strauss, mais aussi les moins connus Heinrich Werner ou Rudolf Löwenstein. Il faut reconnaître que suivant le malheureux principe des vases communicants, la prédominance de morceaux musicaux réduit fortement le scénario, qui comporte quelques raccourcis malheureux


(le revirement trop soudain du père de Tony, celui de Peter, le changement de rôle de ce dernier, qui se fait sans nous montrer d’apprentissage préalable…).


Mais ici, cela n’enlève rien à sa force, et le récit contient son lot de scènes émouvantes, d’autant que Steve Previn fait preuve d’une subtilité à laquelle on ne s’attendait pas, même venant des studios Disney. A ce titre, la scène du concert à la chapelle sur l’Omnes de Saba venient du trop méconnu Joseph von Eybler (scène à découvrir en cliquant ici-même) est particulièrement éloquente, parvenant à diffuser une foule de sentiments à travers un simple jeu de regards, le spectateur se laissant forcément toucher par la musique à travers le personnage attachant de M. Fiala, le père de Tony.
S’il peut être légitime d’être lassé, sinon énervé, par cette représentation d’une école de chant, où les enfants sont bien trop sages et trop bien peignés, il devient difficile de ne pas se laisser entraîner par le talent de jeunes acteurs exceptionnels, particulièrement les deux enfants principaux, Vincent Winter (déjà vu dans Bobby des Greyfriars) et Sean Scully (que l’on retrouvera l'année d'après dans le très bon Le Justicier aux deux visages). Le film doit néanmoins beaucoup à la géniale prestation de Peter Weck, incroyablement savoureux en professeur de musique incapable de se mettre en colère.
Enfin, il est particulièrement appréciable de voir – une fois n’est pas coutume – que les studios Disney ne prennent décidément par leur jeune public pour une bande d’idiots, en proposant un film d’une vraie profondeur, redonnant tout son sens au mot, devenu aujourd’hui si creux, de solidarité, rappelant que c’est dans son entourage que l’on doit puiser sa force pour affronter une vie aux détours parfois très durs. Si un happy end un peu rapide vient compenser cette dureté, elle est toutefois bien illustrée par le personnage de Peter, et par l’obstacle insurmontable que la vie pose sur son chemin en


le privant de sa belle voix,


et en le forçant à quitter cette belle période qu’est l’enfance. Ainsi, ce croisement inattendu entre La Mélodie du bonheur et Les Choristes qu’est Presque des anges convainc sur tous les plans, nous plongeant au sein d’un merveilleux esprit d’enfance, non sans une certaine idéalisation, mais de si belle manière qu’on est prêt à tout pardonner à cette pépite injustement oubliée, qui prouve encore une fois que les films les plus simples sont souvent les plus grands.

Tonto
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le 13 nov. 2017

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Tonto

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