Puisque la comédie constitue ce miroir dans lequel se réfléchissent les préoccupations d’une société, il faut interroger cette tendance récente de la comédie française à se saisir de l’emploi comme d’un terrain de jeu où il fait bon feindre l’activité pour tromper ennui et autorités, à réduire l’exercice d’une profession à l’argent que celle-ci procure. Le Larbin (Alexandre Charlot et Franck Magnier, 2024) projetait un fils à papa dans la ruralité du XVIIIe siècle afin de le raccorder à la vraie vie ; Pourris Gâtés (Nicolas Cuche, 2021) forçait des héritiers à quitter l’oisiveté pour œuvrer de leurs mains ; Mes Très chers enfants (Alexandra Leclère, 2021) représentait le mensonge de parents incapables autrement que par l’argent de donner envie à leur fils et à leur fille de revenir les voir ; Just a Gigolo (Olivier Baroux, 2019) narrait les mésaventures d’un séducteur sur le déclin contraint de conquérir le cœur et le porte-monnaie d’une autre femme riche à même de l’entretenir… Le succès de la saga Les Tuche, du même Olivier Baroux, repose en partie sur ce goût pour la nonchalance et sur ce dégoût du travail.
Presque Légal ajoute une pierre à l’édifice, pierre ô combien friable tant le rachitisme de son scénario n’a d’égal que sa nullité formelle, incapable de composer un plan digne d’intérêt. La mise en scène est publicitaire, le montage emprunte à la pratique des vidéos calibrées pour Youtube, avec des effets clipesques qui confèrent un semblant de dynamisme alors que l’ensemble fait du sur-place. Les comédiens sont enfermés dans leur personnage respectif, ne témoignent d’aucun talent en matière dramatique à même de justifier le visionnage de cette production qui tourne à vide.