J’aime bien découvrir sur BlackTree TV des pépites, comme For love of Ivy (1968), ou la comédie musicale Stormy Weather (1943) avec la grande chanteuse et actrice Léna Horne qui eut sans cesse des bâtons dans les roues dans sa carrière. Et aussi, donc, cet intéressant film avec Sidney Poitier où il joue le rôle d’un psychanalyste. L’acteur garde, comme dans de nombreux rôles, ce calme impressionnant, cette espèce de maîtrise du gars qui en a vu de toutes les couleurs (sans rire). J’aime bien ce sang-froid qui met en relief ses rares explosions de colère ; son silence est toujours habité, dense. L’action se passe en 1941, il est chargé de suivre et soigner un patient facho, dans une prison. Il le soigne de ses insomnies, mais le patient, joué par Bobby Darin, continue à exprimer sans aucune vergogne ses élucubrations racistes et ses fantasmes de brute. Il est affilié au parti nazi américain, le Bund, qui sera ensuite interdit au moment de l’entrée des Etats-Unis dans la guerre. Les scènes d’interprétation des rêves ont cet espèce de montage surréaliste à la Cocteau, comme dans La maison du docteur Edwards de Hitchcock, avec des accessoires en carton. Le face-à-face entre le médecin et le patient est tendu entre eux et aussi pour le spectateur, c’est assez bien fait, avec deux climax. On est crispé et on n’en rate pas une miette. ça vaut le coup.