Il est dommage que ce goût de la démolition des clichés romantiques soit l’unique fait du couple d’acteurs principal, au demeurant parfaits dans leur rôle, sans jamais atteindre le niveau de la mise en scène qui se contente de capter ses situations burlesques avec une certaine platitude. Et la principale limite de Prête-moi ta main, c’est de ne penser le rire qu’en matière d’acteurs, si bien que se creusent de longs sillons d’ennui entre deux scènes bien rythmées, si bien que le comique, parce qu’il ne repose que sur Alain Chabat et Charlotte Gainsbourg, sonne parfois faux, recourant pour combler ses silences au vulgaire malvenu ou mal traité. En résulte une comédie au mordant artificiel qui se construit sur un assemblage de petits sketchs qu’un scénario peut, au besoin, étendre ou raccourcir, redoubler ou couper. Dit autrement, le film est aussi passe-partout que ces défilés de femmes célibataires que Luis Costa doit affronter au quotidien.
En outre, Éric Lartigau semble oublier à mi-parcours des thématiques et des métaphores qu’il avait pourtant pris la peine d’introduire, à commencer par la création d’un parfum susceptible de conserver l’unicité d’un être aimé. Centrale dans l’ouverture onirique pleine de fureur et de promesses, celle-ci se dilue dans un récit mal ficelé, ou aux ficelles justement trop visibles et prévisibles. Le scénario aurait mérité d’être davantage approfondi, à l’instar de ce parfum qui ne convainc pas les supérieurs de Luis et qui retrouve le chemin du laboratoire. Or, l’impression qui se dégage de Prête-moi ta main est celle d’un produit vite fait vite fini qui atteste des pertes d’énergie comique malheureuses et ne pense pas ses personnages secondaires comme des pièces susceptibles de complexifier une mécanique burlesque assez primaire ici. Restent deux acteurs, très drôles et qui légitiment à eux seuls le visionnage du film.