Dans le bac des films à un euro du vide grenier, en plus de Juno, y avait Prête-moi ta main, film dont je gardais un bon souvenir après l'avoir vu en 2007 lors de sa sortie. Je me suis dit "ho, ça a sûrement mal vieilli mais bon, pour un euro, je vais le tenter quand même."
Et à le revoir je me suis dit "ok, c'est toujours bien". Bon, déjà parce que c'est un film d'acteur français, Chabat fait son Chabat, Charlotte Gainsbourg est aussi à l'aise en tant que femme touchante et modèle qu'en tant que peste (elle joue les deux) et Bernadette Lafont joue la forte tête et la femme hors norme, qui a fondé une famille autour de sa personnalité. Le reste, c'est des second couteaux et y aura que moi qui aimera voir Luce Mouchel et Tatianna Goussef de la série expérimentale Le Train. (De même que la même année Alain Chabat et Charlotte Gainsbourg étaient dans La Science des Rêves.)
Alors, si Chabat a eu l'idée du film, qu'il le produit (tiens le logo "Chez Wam") et qu'on sent qu'il a aidé pour un ou deux trucs à la réalisation, on est sur de la comédie française relativement classique : il y a des moments où la réalisation tente des trucs (les souvenirs de Chabat qui fluctuent, le moment où Emma arrive dans la famille et où on l'on entend en voix-off les jugements des soeurs) mais très souvent on est sur les rails assez bien balisés de la comédie française.
Dans l'ensemble le film s'en sort bien grace parce qu'il va droit au but : On nous plante la situation de Luis, on nous présente vite fait Emma, et vers le premier quart d'heure du film, l'idée de base démarre : elle doit se faire passer pour la copine idéale. Et ça enchaine les situations drôles et les bons dialogues, le film ne se privant pas d'avoir quelques répliques vachardes bien senties. Autre bonne idée : le héros est "nez" et le film traite, dans son intrigue secondaire, du monde de la création des parfums. Ça aurait mérité d'être mieux développé mais le peu qu'on en voit est l'occasion de scènes intéressantes (la recherche d'un parfum, la façon , le fait que Luis ne peut pas sentir certaines odeurs sinon ça le flingue, etc...)
Par contre, ça a le problème typique des films français, à savoir que ça "traine sur la fin" : passé un moment où ça enchaine les gags, le film commence petit à petit à creuser ses personnages (surtout celui d'Emma) mais prend un rythme plus mou. Et dans le dernier quart d'heure enchaine les scènes pas extraordinaires n'ayant juste pour but de conclure telle ou telle intrigue secondaire. (Et c'est le typique film des "personnages qui vivent dans des apparts parisiens que tu pourra jamais te payer.")
Pour le reste, on est dans un film où au final, le problème central du personnage central n'est pas d'être entouré de femme... mais qu'il ne se sorte pas les doigts du cul : ça n'est pas d'une femme dont il a besoin, mais d'être autonome et d'arrêter de se faire materner par ses soeurs à plus de quarante ans. Et le pire, c'est que le film montre plusieurs fois qu'il peut le faire : il a un grand appart, très propre (il est limite maniaque) et sait faire de la très bonne bouffe. Et c'est dommage que si la fin suggère que, oui, il devait prendre sa vie en main, bah ça passe aussi par un mariage et c'est assez convenu en fait.
Bref, un film sympatoche à se mater tous les 15 ans.