Prey
6.2
Prey

Film de Dan Trachtenberg (2022)

Voir le film



  • Je l'ai vu.

  • Quoi ?

  • J'ai vu ce qui a fait les traces.

  • L'ours ?

  • J'ai vu un ours il s'est battu contre quelque chose d'énorme. Je pouvais pas la voir mais quand elle a été recouverte de sang, je l'ai vu, et... On aurait dit un mupitsi.

  • Tu as vu la bête qui fait peur aux enfants ?

  • Elle a attaquée l'ours et elle la tué à mains nues, d'un seul coup.




Petit rappel



En 1987, le génial et regretté John McTiernan créé avec Prédator un classique incontournable mettant en avant un terrible extraterrestre : « le Yautja ». Un chasseur surpuissant amateur de safari extrême qui trouvera en : «Toc, toc !» Arnold Schwarzenegger, un adversaire de poids : «Aiguise-moi ça !». Une lutte emblématique au succès retentissant qui en 1990 donnera une suite du même gabarit réalisé par Stephen Hopkins, avec cette fois-ci : «Heinemann je lui pisse au cul !» Danny Glover, en mode berserker pour affronter le prédateur : «T'en fais pas Ducon, y'a des chances pour qu'ils reviennent !». En 2010, un troisième opus voit le jour sous la réalisation de Nimrod Antal, pour une saga qui commence à battre de l'aile avec en soldat de l'extrême Adrien Brody : «Cette planète est comme un terrain de chasse et on en est les gibiers». Puis en 2018, survient le catastrophique The Predator, de Shane Black. Une comédie noire familiale dans laquelle Boyd Holbrook affronte un Yautja mutant en CGI dégueulasse qui a bien failli enterrer à jamais la licence : «Hey baxley, si la chatte de ta mère était un jeu vidéo, je te parie qu'elle serait classée tout public.» Alors que tout espoir de revoir un jour le terrifiant Predator en action semblait définitivement foutu, voilà que The Walt Disney Company rachète la 21st Century Fox pour un total de 66,1 milliards de dollars, devenant ainsi propriétaire d'un catalogue impressionnant comprenant Predator. Aussitôt, Mickey annonce la mise en chantier d'un nouvel opus. Si dans un premier temps l'inquiétude de voir Disney traiter cette saga m'a fait un peu peur, il m'a bien fallu reconnaître que la saga Predator n'a pas eu besoin de la souris aux grandes oreilles pour sombrer dans la médiocrité, si bien que j'ai vu cette annonce d'un œil à la fois intrigué et inquiet. En avant pour une nouvelle partie de chasse !



Prey, un nouveau départ



Prey réalisé par Dan Trachtenberg est un prequel qui renverse l'essence de la franchise en centrant son récit en 1719 à l'époque où le continent américain était peuplé essentiellement par les Amérindiens et la faune sauvage. L'on suit Naru (Amber Midthunder), une Comanche qui doit faire ses preuves pour devenir une chasseuse confirmée en ramenant un trophée conséquent, l'épreuve du kuhtaamia. Au même moment, à quelques kilomètres de là, un Yautja est en plein safari, en quête des trophées les plus difficiles à chasser. La rencontre entre les deux est inévitable : " Que la chasse commence ! " Un récit simple mais efficace qui va droit à l'essentiel et sans la moindre fioriture jusqu'aux dialogues incisifs qui ne s'étalent jamais. On regrettera un manque de phrase culte malgré quelques répliques appréciables, avec une réutilisation bienvenue de la phrase culte : «S’il peut saigner, on peut le tuer.» Un excellent cheminement scénaristique tirant intelligemment parti du contexte historique pour rendre à la traque une notion primaire et élémentaire. Un film de survie en pleine nature, qui offre un savant mélange d'aventure et d'horreur sous une ambiance haletante pour un maximum d'action gore que la superbe cinématographie bonifie tout du long.


Une réalisation nerveuse appuyée par une photographie soignée qui capture admirablement les régions sauvages avec ses décors magnifiques que la caméra vient contraster par les cadavres et le sang, sur une composition musicale inquiétante de Sarah Schachner, offrant un théâtre idéal pour le survival horror qui se joue. Les effets spéciaux numériques sont utilisés avec modération autour de la bête pour un maximum d'effets pratiques autour de celle-ci. Les CGi sont davantage employés autour des animaux qui sont plutôt bien fichus. En matière de spectacle Prey est viscéral. De nombreuses confrontations tendues sont de guise avec des scènes de combat superbement chorégraphiées pour un résultat particulièrement attractif et agressif. Des scènes épiques ! Une débauche de brutalité produite à travers une violence jouissive qui ne manque pas de nouveauté et d'inventivité. Des moments intenses qui ne manquent pas de renouveler les affrontements contre le Yautja. Un Yautja que l'on voit dans un premier temps affronter les animaux sauvages que compose la région, pour finalement se tourner vers l'être humain. Plus précisément les Comanches, qui vont offrir une première bataille épique contre le prédateur, jusqu'à ce que les colons arrivent pour prendre la place du gibier dans des séquences jubilatoires. Une orgie de violence idéalement exposée avec des membres qui volent dans tous les sens. Le duel final est intense et ne manque pas d'originalité sachant qu'on échappe à l'étape quasi obligatoire de la boue pour se masquer aux yeux du prédateur. Un final à la hauteur qui ne manque pas de piquant.



L'heure est venue, Naru. De ta kuhtaamia. Quand le puma s'approchera de toi, prononce les mots suivants : "Je ne te laisserai pas aller plus loin. C'est terminé. Tu t'arrêtes ici. "



Avec son nouveau look affriolant ce nouveau prédateur se distingue incontestablement des autres Yautja vu jusqu'à présent dans les autres films. Avec son casque ancienne génération et ses armes un brin plus archaïques, le prédateur fait du sale ! Il se présente dans une mouvance bien plus agressive que ce que l'on a pu voir jusqu'à présent, si bien qu'il renoue avec l'horreur qu'il est censé procurer. La citation : «T’as pas une gueule de porte-bonheur !», n'a jamais été aussi valable que pour ce Yautja qui sous son casque se paye une sale gueule. Un chasseur intelligent testant ses compétences pour amasser les meilleurs trophées et ainsi prouver sa valeur. Une force destructrice terrible que va devoir affronter Naru. Naru en tant que personnage principale offre une figure féminine particulièrement convaincante. Une jeune femme caractérielle déterminée à rejoindre les chasseurs. Avec son chien, elle apporte une nouvelle mouvance héroïque venant contraster avec ce que l'on a déjà pu voir pour la licence. Une approche bénéfique qui dans un premier temps m'a fait peur, car Disney étant ce qu'il est, il aime depuis un moment jouer à fond la "carte femme contre patriarcat" sans la moindre subtilité. Ici, on arrive à "plus ou moins" bien en jouer sans trop en abuser. N'en demeure pas moins que Naru est un personnage que j'apprécie. La comédienne Amber Midthunder tient le coup et parvient à maintenir le rythme et la pulsion de l'action. J'ai adoré Dakota Beavers pour "Taabe", un Comanche courageux qui va offrir un combat frénétique contre le Yautja. Le meilleur du long-métrage !


SPOILER SPOILER SPOILER SPOILER
SPOILER SPOILER SPOILER SPOILER

L'excellente idée de ce film provient de la référence autour de la fin de Predator 2, lorsque le Chef des Yautjas donne à Harrigan (Danny Glover), après que celui-ci ait réussi à tuer le prédateur, un pistolet portant l'inscription "Raphael Adolini 1715". Raphael Adolini qui apparaît dans Prey, et auquel Naru subtilisera le pistolet pour le conserver. Un choix scénaristique laissant comme seule logique une suite dans laquelle Naru viendra à rencontrer le Chef des prédateurs. Toute la question est de savoir si celle-ci lui remettra le pistolet de son plein gré, ou bien si c'est lui qui le prendra sur son cadavre comme un trophée. Le mystère reste entier et j'ai vraiment hâte de découvrir ça. Découle alors la logique que si le film fonctionne une suite verra le jour avec une fois encore (je l'espère) la comédienne Amber Midthunder sous les traits de Naru, qui n'est peut-être pas aussi charismatique que Sigourney Weaver en tant que Hélène Ripley ou encore Linda Hamilton avec Sarah Connor, mais ne manque clairement pas d'énergie, de caractère et de vitalité. J'ai adoré assister à son cri de guerre lorsqu'elle a vaincu le Predator. Ne manque plus que le charisme, peut-être dans le prochain film.
FIN SPOILER FIN SPOILER FIN SPOILER
FIN SPOILER FIN SPOILER FIN SPOILER



CONCLUSION :



Prey réalisé par Dan Trachtenberg est un excellent prequel passionnant à suivre via l'enjeu survivaliste qu'il propose par le biais d'une action intense pour une réalisation magnifique. Un nouveau film inespéré pour la franchise qui parvient à renouveler son concept à travers un nouveau Yautja bien coriace, une héroïne passionnée, une ambiance inquiétante, une action haletante et une époque propice au jeu de traque proposé de par son environnement sauvage et primaire. Du très bon !


L'essence du Yautja est là, autour d'un long-métrage qui ne prétend pas être autre chose que ce qu'il est : "un film Predator".




  • Tu l'as bien dressé.

  • C'était facile, il est malin.

  • Ce n'est pas parce qu'un animal est malin qu'il est facile à dresser.
     


Créée

le 6 août 2022

Critique lue 2.2K fois

86 j'aime

67 commentaires

Critique lue 2.2K fois

86
67

D'autres avis sur Prey

Prey
lait-gris
5

Géraldine la rebelle contre Prosper le rastaquouère

Géraldine est une rebElle.Elle dort avec son maquillage émo, en attendant un vrai tatouage de grande.Elle tire la gueule tout le temps, pour paraître badass, (street credibility). Elle n'aime pas la...

le 14 août 2022

75 j'aime

22

Prey
RedArrow
7

Pré-Predator

Après l'avoir laissé empêtré dans le ridicule impardonnable de "The Predator" (2018) commis par un Shane Black en roue libre, on commençait à croire que l'heure d'une retraite bien méritée était...

le 5 août 2022

55 j'aime

12

Prey
Boubakar
3

Leave Predator alone !

Au XVIIIe siècle, sur le territoire des Comanches, une jeune indienne, Naru, va devoir faire face à une créature inconnue qui a le pouvoir de disparaitre... Le carton de Predator, le film signé John...

le 7 août 2022

41 j'aime

9

Du même critique

Joker
B_Jérémy
10

INCROYABLE !!!

La vie est une comédie dont il vaut mieux rire. Sage, le sourire est sensible ; Fou, le rire est insensible, la seule différence entre un fou rire et un rire fou, c’est la camisole ! Avec le Joker...

le 5 oct. 2019

172 j'aime

142