Un document intéressant en tant que témoignage brut sur les écoles très strictes pour filles dans l'Angleterre des années 70. Il flotte sur ce "Pride of place" (sorti en 1976) une rigidité pesante, comme un avant goût de l'austérité à la Thatcher. Le film a été tourné depuis l'intérieur, de manière intimiste, au plus près des règles omniprésentes, des sermons, et des humiliations en public. La figure de la directrice est bien sûr très caractéristique, elle existe un peu partout, dans toutes les mémoires d'anciens écoliers de ces années-là. Elle incarne à merveille l'autorité absolue dans l'éducation et sa crainte diffuse, la peur de la punition, la sécheresse affective. "Pride of place" vaut surtout le détour pour cette fenêtre ouverte sur la passé, sur des institutions archétypales de cette époque et aujourd'hui révolues (en grande partie, en tous cas, on l'espère).
L'éducation extrêmement rigide est filmée in situ, en donnant la parole avant tout aux jeunes filles pensionnaires d'hier et d'aujourd'hui. Celles qui ont rejoint les rangs des surveillantes ont bien sûr adopté le discours formaté de l'école, sur la nécessité suprême des bonnes manières chez une fille "bien éduquée", tandis que les plus jeunes, encore dans les rangs de l'institution, sont encore animées par un esprit de rébellion et de remise en question sans cesse réprimé.
Kim Longinotto a enregistré ces images lors de son séjour dans l'école de Buckinghamshire, et les as montées et diffusées après s'en être enfui à l'âge de 17 ans. Un des délices de la revanche, sans doute, pour elle : l'école fut contrainte à la fermeture un an après la sortie de ce document.
[AB #185]