Une réflexion sur le sacrifice dans un univers riche ou la théocratie fasciste est souveraine.


-Qu'est-ce que vous voulez?
-Je veux la même chose que toi. Je veux me libérer d'une vie de souffrances et de sacrifices. Que l'on me rabâche plus que le moindre
de mes désirs est un péché. C'est vrai...après tout, qui ne commet
aucun péché ne peut connaître le plaisir.
-Qu'est-ce que vous êtes?
-L'église nous enseigne que les yeux sont les fenêtres de l'âme. Et qu'étant donné que le vampire a perdu ses yeux en évoluant c'est une
créature sans âme qu'il faut éradiquées. Mais j'ai pu voir l'âme du
vampire et je peux te dire qu'elle est beaucoup plus pure que celle de
n'importe quel humain. Maintenant tu me demandes ce que je suis? Je
suis le pourvoyeur de la marée. Je suis la vague qui va assainir cette
terre impure.




Priest version non censurée



Priest est une oeuvre fantastique américaine réalisée par Scott Stewart à qui l'on doit des longs métrages plutôt mal aimé tel que Légion, Dark Skies... Priest est tiré du manga éponyme du Coréen Hyung Min-woo "Manhwa".


L'essence de la trame se base sur un récit accès sur le sacrifice prenant des allures de fantasme et de place sociétaire autour du personnage principal. Une oeuvre intense qui va à 100 à l'heure proposant bon nombres d'actions aux top-niveaux ainsi que des séquences horrifiques à l'atmosphère glaçante. Le tout sans pour autant oublier d'y inclure une intelligente réflexion autour des affres de la guerre. Une notion pleine de sacrifices prenant toute sa mesure au fur et à mesure que l'on croise les victimes de cette oppression qu'il soit soldat ou simple citoyen.


Le scénario à de la teneur et se trouve être riche en rebondissement et en révélation montrant son originalité dès le commencement après une petite scène d'introduction sur lequel s'ouvre un superbe prologue animé bien sanglant réalisé en collaboration avec Genndy Tartakovsky (créateur entre autre de Samurai Jack, la version 2D de Star Wars: Clone Wars...) le tout suivi d'une narration efficace posant le contexte du récit. Au niveau du style, c'est vraiment typique et emprunt d'un genre graphique reconnaissable car il marque les esprits, cela annonce clairement la couleur sur le spectacle qui nous attend. Cela a également la faculté de rendre hommage à la bande dessinée. Le tout agrémenté d'une musique d'ouverture géniale qui se prolongera avec d'autres titres signés Christopher Young.


La mise en scène à de la gueule, offrant bons nombres de plans travaillés dans une épopée riche en teneurs techniques et autres inventivités. L'élaboration de l'univers brutal et funeste de Priest fait clairement partie des éléments forts du film. Une réalité alternative futuriste dont on ne connaît pas exactement la période qui en dit long sur la profondeur et l'étrangeté de ce monde. On est transporté dans un univers assez unique en son genre tant il est varié.


Les décors dans lesquels évoluent les personnages principaux sont superbes et surtout très vastes et changeants, un sacré travail d'exécution autour d'eux. Ainsi on passe d'une cité futuriste à un monde désertique apocalyptique sans la moindre végétation avec des vieux villages désolés tout en poussière inspirée des westerns spaghettis à un repère crade et diabolique.


La Cité 5 (faisant un peu pensé à celle de Judge Dredd) est une immense ville dystopique hyper-industrialisée où les immeubles fondement de la richesse dominent et ou le fascisme théocratique autour de Dieu est moteur de vie. Le symbolisme de l'Église est la gouvernance par la peur de Dieu vu qu'elle s'autoproclame comme son égal. D'ailleurs son symbole est une croix dans un cercle rappelant un logo d'entreprise qui clairement annonce la couleur, car le cercle entourant la croie représente l'église. Un régime totalitaire contrôlant le moindre fait et gestes de la populace qui n'a d'autres choix que d'obéir et de croire à l'église comme en étant obligé chaque jour à parler à un confessionnal automatisé qui vous dit quel comportement tenir. Parmi les décors représentant la Cité on retrouve un mélange très futuriste malaxé à une ancienne Europe de L'est à l'époque Soviétique et des références visuelles de Hong Kong avec un aspect très rétro futuriste dans l'esprit science-fiction Blade Runner.


Les vampires ne résident pas dans des manoirs, château, hôtel de luxe ou autres vieilles demeures dans les Landes, ici ils vivent dans d'immenses grottes comparables à des ruches, un mélange de colonies d'abeilles et d'un nid d'Aliens avec des parois créent en chrysalide. C'est vraiment glauque et austère joncher d'ossement et pourvu de plusieurs galeries longues et sombres comparables à un labyrinthe. De l'extérieur la ruche Sola Mira est superbe une sorte de montagne à crevasse limée avec des trous de gruyère. Lorsqu'ils ne sont pas illégalement en liberté les vampires sont censés être concentré et captif dans la réserve Morelle Noire. Une sorte de prison bunker géant bien flippant avec un bidon ville à sa surface.


Souvent agacé et frustré de voir régulièrement des vampires humanisés au possible avec une mythologie très romantique, bourgeoise ou poétique souvent très sexualisé mais rarement effrayant à l'aspect physique coutumier pourvu du strict minimum représenté par deux longues canines et un jeu de lentille de couleurs jaunes ou rouges.


Je ne cache pas mon contentement de revenir avec ce long métrage à une version de vampire plus effrayant et surtout sauvages tenant plus du monstre visqueux que du suceur de sang.


Des créatures totalement innovantes se rapprochant d'un alien croisé insecte. Il existe plusieurs formes et races de ces créatures qui fonctionnent par hiérarchies avec une reine tout en haut. Cela améliore la peur qu'exercent les créatures de la nuit. Utilisant des crie acerbes et des claquements de mâchoires pour communiquer entre elles cela accentue leurs bestialités. Ce qui est encore plus démoniaque c'est que les contaminés ne deviennent pas des vampires comme eux mais des esclaves humains à vie.


Un des aspects importants de l'histoire de Priest bien orchestré c'est la conception des armes utilisées par les prêtres, ainsi que leur véhicule. Ultra-esthétique et efficace on a affaire à un équipement de mort qui n'est pas sans rappeler Underworld sur certain modèle. Il est intéressant de voir de vieilles armes rouillées et souillées de sang utilisés par les ennemies et des armes ultra-esthétiques en acier et argent toutes plus fonctionnelles et inventives les unes des autres utilisées par les prêtres.


Une double fonctionnalité à leurs équipements entre une bible contenant des multiples croix se transformant en shurikens tournoyantes, un crucifix contenant une lame, une moto à Nitro avec plusieurs fonctionnalités intégrées, un rosaire qui devient une corde-grappin en son bout une croix affûtée...
Mention spéciale à la dague qu'utilise le prêtre qui est élégante, en argent pourvu de deux lames capable de se séparer, ce qui est donc parfait si on veut en lancer une tout en gardant une autre pour se défendre.


Les guns et autres fusils sont tous aussi ingénieux et stylisé ainsi on obtient un curieux mélange entre des armes à levier tout droit sorti d'un western, d'une mitrailleuse Gatlin à plusieurs canons utilisé pendant la guerre de Sécession et le tout customisé sauce futuriste gothique avec bon nombre de petits détails. Les costumes sont dans la même veine avec des vêtements à la fois gothiques et westerns très nuancé à mesure qu'on change d'environnement. Les prêtres sont marqués d'une croix géante sur leurs visages les rendant plutôt iconique ce qui marque les esprits.


Le prêtre incarné par le comédien Paul Bettany (Avengers l'ère d'Ulton, Légion, Da Vinci Code...) qui a pris une augmentation de masse musculaire pour ce rôle est un personnage au premier abord platonique à la prouesse physique déroutante qui au fur et à mesure que le récit avance prend de la profondeur et de la nuance. Prêtre est un personnage stoïque d'une droiture militaire à toute épreuve dans la manière d'aborder les diverses péripéties mais pas non plus complètement soumis au régime dont il appartient.


Il fait partie de l'ancien ordre des prêtres une unité de mort anti-vampire. Il est intéressant de le voir en tant qu'ancien grand guerrier devoir rendre les armes une fois la paix rétablie pour se réintégrer à la société qui n'a plus besoin de lui et de son escouade, une vie normale pour une personne pas formée pour. Il n'est finalement important qu'à mesure de l'utilité de ses talents est demandé ce qui le réduit à n'être qu'un cloporte en temps de paix et j'aime beaucoup cette nuance car c'est comme s'il se réjouissait de servir à nouveau de protecteur.


Il en va de même pour Prêtresse l'alter égaux au féminin du héros joué par Maggie Q (Die Hard 4, Mission Impossible 3, Divergente 1, 2, 3...) que je pensai au départ être la suiveuse de base mais qui au final tient toutes ses promesses. Elle apporte beaucoup de nuance de par sa relation avec prêtre et de par son énorme utilité dans l'action.


Cam Cigandet (Twilight, Never Back Down, Unborn...) dans le rôle du jeune Shérif Hicks et le seul protagoniste que je trouve un peu à côté, rien de bien grave surtout que j'apprécie le comédien mais il y a quelques scènes ou il faut bien reconnaître qu'il est en dessous des autres. Bravo au second rôle Monseigneur maître de la cité 5 qui est bougrement interprété par un Christopher Plummer (Elsa et Fred, Millénium, Remember...) qui file le frisson dans le dos tant il incarne bien ce personnage détestable se prenant pour Dieu lui-même. Vient Lily Collins (Lucy) qui n'a vraiment d'utilité que d'être celle que l'on doit sauver, mais bon sans être énorme elle fait le minimal demandé.


Le personnage Black Hat de Karl Urban (Dredd, Doom, Pathfinder...) est vraiment excellent et rare en son genre. Il se présente finalement comme le premier et unique vampire humain avec les canines pointues et le physique sexy. Il faut admettre qu'il est vraiment charismatique. Il est à l'origine de bon nombre de mes séquences favorites du film comme par exemple son passage dans la ville de Jéricho attaqué par les monstres où il écoute un passage de la musique '' Requiem de Mozart '' tout en agitant les mains comme un chef d'orchestre pendant que des centaines de gens se font bouffer. Ou encore durant son échange avec Lucy où tel le diable il essaye de la tenter.


Un antagoniste comme je les affectionne tant à la fois fort, charismatique et plein de philosophie. Finalement ce n'est du qu'à l'amour fraternel qu'il porte en Priest que celui-ci se retrouve impliqué dans cette histoire, car s'il n'aurait rien eu à faire de lui il n'aurait pas enlevé Lucy et il aurait pu envahir la cité 5 sans problème.


Parmi les soucis du film je retiens en particulier des petites séquences par-ci par-là posé juste avec l'intention de faire cool avec par exemple des mouvements gratuits comme le tournoiement d'un gun avant de le mettre dans son étui ou encore des répliques censé être stylé mais à l'inverse lourd, tout cela tellement forcé que cela en devient un peu surjoué.


Fort heureusement il n'y a pas énormément de ses scènes à regretter mais c'est par moments si insistant que cela décrédibilise l'atmosphère mise en place. Surtout que le film n'a pas besoin de chercher à paraître cool et fun pour plaire et impressionner. C'est justement en gardant son ton sérieux et dramatique qu'il aurait encore plus marqué les esprits.


Un autre défaut et de taille vient qu'il était programmé pour avoir une suite et au vu de son succès très très modéré le second opus ne verra malheureusement jamais le jour ce qui est fort regrettable car beaucoup d'élément était encore à voir. Au vu de la qualité de ce premier opus il aurait grandement mérité une suite nous envoyant dans des endroits toujours aussi vastes et variés. Quel dommage!


CONCLUSION:


Priest sans être un chef-d'oeuvre est une oeuvre loin d'être manichéen au potentiel vaste qui réussit parfaitement à dépeindre un univers riche en texture avec une atmosphère fonctionnelle. L'originalité est clairement de mise et elle se retrouve à tous les niveaux, que ce soit au niveau de l'histoire, les décors, les costumes, son contexte, les vampires, les personnages... Techniquement le long métrage à du niveau, on perçoit sans mal à quel point le cinéaste Scott Stewart c'est fait plaisir. Lui qui rêvait de faire une suite ne se verra malheureusement jamais exhaussé. Il est à regretter un jeu d'acteur pas toujours au top et une volonté à vouloir faire du cool un peu trop présent, mais rien de suffisant pour faire tomber la qualité du récit. Un long métrage d'action fantastique horrifique qui va à 100 à l'heure sans pour autant délaisser sa profondeur.


On se croirait dans une véritable bande dessinée !

Créée

le 24 févr. 2019

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