Voir un film sur l'école quand tu es instit, c'est comme un médecin qui regarderait grey's anatomy, ou un violoniste qui regarderait Charles Ingalls jouer du violon, c'est parfois... difficile.
J'ai été particulièrement énervée par le passage sur la méthode Boscher. Une des élèves du personnage principal ne sais pas lire en CM2. Alors, n'écoutant que son courage, l'instit commande une méthode Boscher, celle grâce à laquelle nos parents ont appris à lire, le fleuron de la méthode syllabique, celle qui est enseignée dans toutes les écoles depuis 100 ans (rappelons que la méthode globale, contrairement à ce que l'on veut nous faire croire, n'est pas celle choisie par les instits et qu'elle est interdite dans toutes les écoles depuis sa création, mais bon...). Et là, on voit notre courageuse instit, recouvrir le livre de la honte avec du papier craft, pour être bien certaine qu'on ne verra pas qu'elle l'utilise. Et comble, son directeur "va la couvrir" face à sa hiérarchie, au cas où ça se saurait.
Sauf qu'en vrai, les instits ils utilisent la méthode Boscher s'ils veulent et que personne n'ira rien leur dire car ils ont la liberté pédagogique. Que la méthode syllabique, même si Boscher n'est plus la référence aujourd'hui, se retrouve dans tous les manuels et les méthodes utilisés dans les écoles. C'est un détail mais que j'ai trouvé particulièrement mal venu dans un film qui a l'air de vouloir faire dans le "réalisme".
On ne sait pas bien ce que veut montrer la réalisatrice d'ailleurs : son film est-il un film sur la primaire, sur les professeurs des écoles, sur les enfants maltraités... ? L'école qui nous est montrée, sent l'école des années 50, la petite école de province, sans problèmes, avec des instits qui déjeunent encore à la cantine, avec un directeur qui amène son chien à l'école, une instit qui accueille chez elle un élève (!)... La réalisatrice fait un film sur le "c'était mieux avant" de façon subtile, sans afficher clairement la couleur, sans vraiment de courage, seulement avec une analyse façon café du commerce. A-t-elle d'ailleurs été dans une école pour voir comment ça se passe aujourd'hui ? Elle y ajoute une histoire d'amour qui tombe là comme un cheveu sur la soupe et termine sur le moment émotion qui nous montre l'élève qui a appris à lire, enfin...
Les amis des lapins apprécieront le gros plan de leur animal préféré visiblement terrorisé d'être peint en orange.