Le moins lu des Rougon-Macquart, et pourtant...
Disons le toute de suite, le contraste avec le précédent opus (le long, très long "la Faute de l'abbé Mouret") est sûrement dans beaucoup dans ce 9 que j'attribue à Son Excellence Eugène Rougon (peut-être un 8 aurait-il suffit).
Ici, point de descriptions détaillées qui n'en finissent plus mais une chronique de la vie politique du Second Empire, période souvent injustement méconnue. Pourtant, l'histoire d'Eugène Rougon pourrait être celle de n'importe quel homme politique actuel. C'est avant tout l'histoire d'un homme qui aime le pouvoir (sur la politique, sur les autres, sur les femmes) et qui entend y accéder et surtout, y rester. Le livre débute sur son départ de la présidence du Conseil d'Etat et s'attachera à montrer son ascension jusqu'au poste de ministre de l'intérieur. Il est aidé, puis trahi par ses amis qui n'ont d'intérêt que le leur et qui vont contribuer à son succès mais aussi à sa perte. On y parle corruption, trahison, politique, sur fond de conquête féminine (oui au singulier).
C'est aussi, pour les lecteurs des précédents tomes des Rougon-Macquart, l'occasion de faire enfin connaissance avec le personnage d'Eugène Rougon dont on suivait, au détour de quelques pages, les débuts dans la Fortune des Rougon et à qui il est fait référence à plusieurs reprises dans les suivants.
On sent un Zola inspiré et il n'y a pas de temps mort dans l'histoire, ce qui est parfois le cas dans certains des ouvrages de l'auteur qui se concentre alors sur des descriptions détaillées vers le milieu de l'ouvrage sans pour autant faire avancer la narration. La galerie de personnages est variée et, sans s'attacher à aucun d'entre eux pourtant, on imagine la fiction proche de la réalité. Un ouvrage plaisant, malheureusement trop peu lu.
A découvrir donc !