Lorsque j'ai lancé Sasquatch Sunset, je ne savais pas grand-chose du film. En fait, tout ce que j'en savais c'est que ça s'appelait "Sasquatch Sunset", et que l'affiche était moche. Et c’était finalement très sympa de se lancer là dedans à l’aveugle alors vu que je vais un peu raconter l’intrigue du film, c’est dommage de continuer si vous ne l’avez pas vu. Parce que perso, j’aurais pas forcément aimé savoir que l’intrigue du film allait se limiter à la déambulation désabusée d'une famille de Sasquatchs dans une forêt, pendant 4 saisons. Le personnage principal est la mère, saoulée du début à la fin, mais résiliente et déterminée, elle est accompagné d’un gros alpha mâle, d’un autre lascar plus débonnaire et d’un gamin, et tout ça se déroule dans une grande forêt de séquoias, visiblement dans le nord est des États-Unis. Il y a quelque chose de très agréable dans ce film, c'est qu'il reste fidèle à son propos et colle à son concept relativement radical tout du long : les dialogues sont à base de cris de singes, et rien ne viendra aider le spectateur qui, au bout d'une demie heure, commence un peu à se demander ce qui se passe, ou plutôt, s’il va se passer quelque chose. On voit cette famille évoluer dans son quotidien fait de cabanes de fougères, d'interactions avec des bestioles et de rites sociaux, dont certains à base de caca. Le film m'a fait penser à l'intro de 2001, "dawn of the man", si les singes ne découvraient jamais de monolithe et étirée sur une heure et demie. Le fait que le film s'appelle Sasquatch "sunset" raisonne pour moi comme un hommage au film de Kubrick, mais je m'emballe peut-être un peu... Malgré son rythme contemplatif imposé par une succession de scénettes s'apparentant parfois au documentaire animalier, le film captive déjà par sa réussite formelle : Les paysages et la photo sont magnifiques, bien qu’un peu répétitifs, les costumes des sasquatchs sont géniaux et tout est bricolé avec beaucoup d’attention et de sérieux. Et puis, au fur et à mesure que le récit s'installe, le gag de la proposition s'estompe pour une petite ambiance mélancolique pas dégueu. On comprend le sens de certains rituels, comme ces moments où la famille s'arrête pour taper sur des arbres avec des bâtons, un appel désespéré pour trouver d’autre congénères qui restera sans réponse. Et, dans son parcours allant d'une nature primale vers sa domestication industrielle, dans sa contamination progressive, il y a quelque chose qui m’a évoqué l’émotion du Koyaanisqatsi de Reggio... mais en plus folk, et en plus poilu, et avec du caca, du vomi et du bang bang. Sasquatch Sunset est pas forcément terrassant, c’est un peu soporifique et casse bonbon, mais c’est original, rigoureux et finalement captivant. Émouvant, même, dans ses derniers instants. Le générique qui a suivi révèle le nom des acteurs et pour le coup je m’y attendais pas !

Sinon j'ai récupéré le film avec un fichier sous titres, de loin le meilleur gag du film.

MelvinZed
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le 28 déc. 2024

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Melvin Zed

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