Eh ben voilà : ça c'est une bonne adaptation de jeu vidéo.

Disney qui adapte un jeu vidéo d’action/aventure au cinéma ! Dis comme ça, ça paraît invraisemblable vu que l’entreprise a très souvent été couronné d’échec. Entre les adaptations de jeu de combat raté et malhonnête voire nanardesque des années 90 comme Mortal Kombat ou Street Fighter, ou encore des licences passés au hachoir de l’industrie obscur d’Hollywood tel que les Resident Evil ou Tekken dans les années 2000, on n’a rarement été gâté. Warcraft : le commencement a apporté plus d’effort comparé à ceux que j’ai cité mais ce film n’était pas convaincant pour autant.


Pourtant, Disney s’est lancé dans ce projet avec Jerry Bruckheimer à la production et ils ont également fait appel au scénariste d’un jeu vidéo de la licence Prince of Persia en la personne de Jordan Mechner et qui souhaitait apporter de la nouveauté comparé au jeu. Mike Newell, à qui l’on doit l’excellent Harry Potter et la coupe de feu fut engagé par Disney pour la réalisation, et donner vie à cette adaptation et Jake Gyllenhaal fut prit pour le rôle titre au détriment d’Orlando Bloom et Zac Efron et a suivi un entraînement physique intense pour les scènes de cascades et de course, sans oublier un budget de 200 000 000 millions de dollars et la machine était en marche.


Malheureusement pour lui, s’il dépassera les 330 millions à l’international, il n’arrivera même pas à dépasser la moitié des 200 millions de son budget sur le territoire nationale et la critique n’aura pas été tendre à la sortie de ce film. Je vais pas m’amuser à dire que le film est sans faille, mais pourtant ça fait tellement de bien de voir une adaptation qui tente vraiment de raconter une vraie histoire sans prendre les gamers ou le public global pour un abruti et qui ne se contente pas de se reposer sur la popularité de la licence adapté ni uniquement sur son héros central.


Si on doit au moins se mettre d’accord sur une qualité évidente : c’est sur l’aspect visuel qui est, ici, de toute beauté tant pour la direction artistique pour les costumes, les décors et la photographie aux couleurs chaudes et arides. Les effets numériques pour animer au loin les cités comme Alamut ou d’Avrat la cité royale sont très beau à l’œil et très bien incrusté, j’ai du mal à me rappeler d’un moment ou j’ai cru voir un effet incrusté mal géré.


De plus : à l’inverse des Resident Evil ou le numérique était animé par des branleurs de première ou de Warcraft : le commencement qui était trop proche d’un jeu vidéo, Mike Newell et son équipe privilégie davantage les décors naturels pour filmer le déroulement de l’histoire, la caméra offrant beaucoup de jolis panoramas et donnant beaucoup de majesté à cette vision de la Perse dans cette adaptation. Et les scènes d’actions sont prenantes, étant donné que la majeure partie tournage a eu lieu au Maroc. Toutefois, l’immersion ne marche pas toujours puisque les scènes de combats sont parfois inutilement surdécoupé comme lors de la course-poursuite à Avrat ou l’assaut surprise de Dastan et de ses compagnons sur Alamut.


Pas au point de piquer les yeux mais le problème est là, alors qu’en général la mise en image permet très souvent d’apprécier les chorégraphies et le visuel, de même pour les effets sur l’utilisation du sablier qui est l’intérêt même de l’intrigue du film et les quelques clins d’œil placé au jeu pour les cascades et il y a par moment quelques idées créatives.


L’assaut surprise des Hassanssins


est d’ailleurs mon passage favori en termes d’action dans ce film, sans compter que la violence n’est pas si amoindrie que ça pour un Disney Live (et encore, on peut trouver plus élevé à ce petit jeu).


Harry Gregson-Williams, qui avait déjà signé deux superbes partitions pour les deux premiers opus de Narnia chez Disney, ne ménage pas ses efforts pour la musique de cette adaptation et livre une musique très agréable à l’écoute, mais ça n’équivaut pas aux deux autres compositions du gars. Cela dit, j’avoue que j’apprécierais le revoir travailler pour un prochain Disney, en prise de vue réelles ou animé. La chanson de Alanis Morissette par contre, elle me paraît assez anecdotique après écoute sans être désagréable.


Après, concernant le casting, j’ai lu que beaucoup avait râlé sur le choix de Jake Gyllenhaal pour interpréter un personnage arabe car c’était un acteur occidental. D’une manière général le choix d’acteur a beaucoup été critiqué à cause de ce point (dans le même registre, Exodus de Ridley Scott a subit ce même genre de polémique concernant les figurants pour les hébreux et les égyptiens). A ceux qui vomissent sur le film juste pour ça, je dirais qu’on aurait pu avoir Troy Bolton alias Zac Efron dans le rôle titre, le gars même qui a permis le succès des High School Musical. Alors Jake Gyllenhaal, erreur de casting, je dis non. Il a prouvé qu’il savait jouer dans Donnie Darko, Zodiac ou encore Jarhead.


Et il se montre très à l’aise en héros perse : le jeu et la classe qui va avec l’acteur et le personnage de Dastan. Bon, vaillant et insouciant qui finira par prendre conscience de la situation petit à petit. Mais dés qu’on le met avec Tamina, ça pèche pas mal dans le premiers tiers du film.


Gemma Arteton est tout aussi convaincante et attachante en princesse d’Alamut (en plus d’être belle à tomber par terre, n’est-ce pas messieurs ?) qui devient de plus en plus appréciable au fur et à mesure que le film avance. Mais dés qu’elle se met à railler Dastan dans le désert, ça semble tellement forcé pour créer de la tension entre eux que ça devient navrant et insupportable. Quelque part c’est compréhensible au vu des agissements de Dastan envers sa cité


(j’accepte sans problème sa tentative de meurtre avant que Dastan n’utilise maladroitement la dague)


, mais par la suite ça n’aurait pas été plus simple qu’elle lui explique les origines de la dague et lui propose un marché au lieu de s’encanailler avec lui comme une gamine ?


Vous savez, du genre :



Dastan, si je t’aide à prouver ton innocence auprès de tes frères et
de ton oncle, acceptes-tu de me rendre la dague ?



A son crédit, dés la deuxième moitié du film, la chimie entre les deux personnages marchent davantage et j’avoue m’être pris de sympathie pour la princesse.


Le reste des personnages est finalement très secondaire, mais on a quand même le docteur Octopus alias Alfred Molina qui se donne du mal pour nous faire sourire à plusieurs reprises (et qui nous apprend que les autruches ont des tendances suicidaires… scientifiquement j’en doute un peu). Toby Kebbell, alias Durotan dans Warcraft, remplissait bien sa part du contrat même si son personnage n’apporte rien de novateur, idem pour Richard Coyle et Steve Toussaint et le reste du casting. Par contre, le cas Ben Kingsley est un énorme gâchis mais on va y revenir.


Puisque la partie scénario reste à développer, le film ne part pas sur une idée nouvelle avec l’histoire de l’enfant voleur adopté par un roi et considéré plus tard comme son fils. On peut l’accepter tant que les relations entre personnages, notamment entre frère, est suffisamment bien écrit. Et si en principe ça marche plutôt bien lors des dialogues entre Tus et Dastan (par exemple), que le parcours de Dastan est cohérent et réussie et que le concept du voyage dans le temps est très minutieusement géré, beaucoup de point sont discutables.


Le premier est l’antagoniste du film. Et je vous juste une question : vous avez vu l’affiche ? Avez-vous devinez qui ça serait ? Et ouais, Ben Kingsley qui joue l’oncle de Dastan, et que l’on peut facilement renommer Scar chauve et sans cicatrice. Le charisme en moins et en mode humain, le pire c’est qu’on tente de nous faire croire pendant tout le premier tiers qu’il n’est pas l’antagoniste (merci les affiches) alors quand la révélation arrive, ça tombe comme un cheveu sur la soupe. Retirez l'acteur, le personnage n'a plus rien pour lui.


Le second point, c’est la dernière partie du film que je ressens, de la part de Newell et Disney, comme une impression de ne pas assumer ce qu’ils nous ont raconté jusqu’à ce moment.


Lorsque Nizam et Dastan activent la dague plantée dans le sablier géant, Nizam appuie sur le bouton de la dague avant que Dastan ne le stoppe et revient en arrière pile au moment ou il avait trouvé cette dague magique. Alors déjà : comment ça marche ? Quels sont les probabilités pour que Dastan retombe tout juste au moment ou il a trouvé la dague et pas avant ? Et surtout, vu que Nizam avait actionné la dague, comment se fait-il que ça n’ait pas eu d’influence sur lui ? Ou si ça en a eu, est-ce qu’il s’est retrouvé perdu dans une autre dimension ?


Non seulement ça nous l’explique pas mais mis à part pour l’imagerie, cette scène montre que Disney ne va pas au bout de son scénario.


Ce qui s'ensuit le montre :


Dastan averti Garsiv, Tus et compagnie de la duperie de Nizam et parvient, sans qu’on ne se pose plus de question, à convaincre Tus qu’ils ont été trompé et que Nizam est le méchant de l’histoire. Puis après, lorsque Dastan rend la dague à Tamina et entame une nouvelle première conversation avec elle, on se rend compte qu’elle n’est pas complètement dupe et se demande si Dastan n’est pas au courant de certaines choses, sachant que le personnage garde son évolution subit au fil du film.


Hormis ces deux derniers éléments bien pensés, le reste est une grosse facilité énorme comme un point sur une feuille blanche.


Impossible de croire une seule seconde que Dastan peut inverser les choses aussi aisément avec Tus alors qu’il a envahit la ville lui-même.


Le pire c’est que, tout cela constitue une excuse pour pouvoir lancer la licence sur Prince of Persia avec les personnages du film et peut être la possibilité d’exploiter les personnages secondaires mais même là ça passe pas. Le film aurait été meilleur s’il avait eu un dénouement plus pessimiste pour Dastan


au lieu de ramener les morts du film à la vie, dont Tamina.


C’est quand même ballot, à côté de ça l’univers en lui-même donne envie d’être découvert. Que ça soit les terres des perses, le passé de Dastan qui aurait gagné à être développé dans une suite, les Hassansins, les idées à développer pour les scènes de cascade, tout était là pour développer une saga d’une manière ou d’une autre.


Pas de pot, parmi les projets originaux des studios, celui-là aussi n’a pas eu un succès critique et commercial suffisant. A son mérite, le film se suffit quand même à lui-même et si il est loin d’être parfait, on sent énormément d’envie de bien faire et de raconter une bonne histoire dans cette énième adaptation d’un jeu vidéo au cinéma. Ça en devient insupportable de voir une saga comme Resident Evil continuer d’être en marche alors qu’on a la preuve qu’il est possible de faire tellement mieux ici. Définitivement un bon film à mes yeux, et qui mérite mieux que le traitement reçu à sa sortie.

Créée

le 7 juin 2016

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