Le personnage principal de Princesse est August, un prêtre, dont la sœur, Christina, est actrice porno. Lorsqu’elle meurt suite à une overdose de drogues, August doit prendre sa nièce Mia sous son aile, après l’avoir récupérée dans un bordel.
Au vu du pitch, je m’attendais à un film putassier et vulgaire, mais en fait malgré l’accumulation presque complaisante d’horreurs lâchées sur les personnages, le ton est étonnamment calme et grave. En même temps, je ne vois pas comment Princesse aurait pu être présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes autrement…
L’histoire est donc présentée, à juste titre, comme un drame, et ça marche pendant un certain temps. Anders Morgenthaler a eu entre autres l’idée d’intégrer des vidéos filmées avec une vieille caméra, qui apportent des aperçus du passé des personnages, qu’il s’agisse de porno ou de films de famille. C’est par leur intermédiaire qu’on découvre comment les protagonistes en sont arrivés là, et la façon dont c’est filmé amène un réalisme froid.
Mais le réalisateur a fait d’autres choix assez questionnables dans son traitement de l’histoire.
Le générique de début, avec les magazines porno, est cool, dynamique, sur fond de musique rock… mais pourquoi en avoir fait quelque chose de cool ? Le film dénonce les travers de cette industrie !
Et à des moments de lyrismes viennent se confronter des moments d’une lourdeur malvenue (le carambolage en voiture, poussif comme dans un mauvais film d’action, alors que c’est une scène dramatique).
Il y a également des problèmes de registre, avec l’apparition d’idées limite comiques, en décalage avec le ton sérieux posé jusque là. Ce mausolée en la mémoire de Christina, qu’on croirait tout droit sorti d’un épisode de South park…
L’intention des scénaristes semble avoir été de traiter de problèmes importants, mais ils passent à côté de leur sujet.
La nièce d’August ne comprend pas ce qui ne va pas avec ce que faisait sa maman, ou ces photos d’elle qu’elle continue à voir dans les magazines. Et son oncle ne sait pas comment le lui expliquer. Ca aurait été intéressant à traiter, mais August se contente d’éviter la question à chaque fois, "je suis fâché, c’est tout", se contente-t-il de dire.
Le personnage principal pète ensuite les plombs contre tous ceux plus ou moins liés à l’exploitation des femmes. C’est une erreur pour moi que d’avoir fait d’August un prêtre, ça n’apporte rien à l’histoire, si ce n’est une dose supplémentaire de "subversif", et ça rend encore plus absurde la transition vers son attitude de vigilante. On n’y va même pas par étapes, August craque d’un seul coup et s’attaque aux gens avec un sadisme qui laisserait à penser qu’il a fait ça toute sa vie. Il casse même le bras d’un gosse…
Et il emmène Mia avec lui, la faisant participer, ça c’est vraiment n’importe quoi.
Princesse est un de ces films qui veulent tenir un propos, mais le font de façon assez bête. On atteint pas le niveau de débilité de Cannibal holocaust non plus, mais tout de même.
Et comme souvent, la conclusion enfonce le clou.
Je me demande si ça n’aurait pas été mieux si Princesse avait été un de ces films qui font du trash pour faire du trash, sans autres prétentions. C’est toujours mieux qu’une œuvre qui veut avoir un fond et se loupe.