Les âmes vagues
Comme si à 45 ans et après plus de 30 longs-métrages il ressentait le besoin de faire le point entre son œuvre passée et celle à venir, Ozu fait soudain appel à son vieux compagnon le scénariste Kogo...
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le 6 avr. 2017
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C'est l'histoire d'une jeune femme et de son père, ils vivent ensemble dans le Japon de l'après-guerre dans une maison traditionnelle qui fait rêver, et où l'absence de la mère se fait sentir. On intègre petit a petit le quotidien de ce duo aimant jusqu'au jour où celui-ci est bouleversé par l'insidieuse idée d'un mariage arrangé avec un jeune homme aisé...
En plus de créer ici une splendide relation père-fille comme on en a vu peu d'autres au cinéma, le grand Ozu dépeint la violence d'une société où la femme doit être mariée dès sa majorité si l'on ne veut pas s'exposer aux "qu'en dira t-on" des voisins.
Le problème est ici que cette norme féodale ne correspond ni à l'envie ni au besoin du duo complice.
En effet, la fille tient à son père, comme elle le lui avoue dans cette scène déchirante dans la chambre d'hôtel : elle veut vivre à ses côtés.
Le père se force, sous l'influence néfaste de sa soeur (ou belle-soeur, je ne me souviens plus) à marier sa fille au premier jeune homme de bonne famille venu.
Il estime faire ainsi le bon choix pour l'avenir de sa fille, sacrifie son bonheur auprès de sa fille pour lui offrir un avenir.
On ne voit d'ailleurs jamais le jeune marié, parti pris qui a été récupéré (en hommage ?) dans <i>In the mood for love</i> de Wong Kar-wai en 2000.
Et ce vieux père s'interdit de regretter ce mariage, se persuadé que c'est la bonne chose à faire.
Lors de cette splendide dernière scène, il est seul, tranquille, résigné, triste, dans cette maison qui, peu de temps avant, respirait la joie et le bonheur, l'amour.
Il attend la mort.
Setsuko Hara et Schichu Ryu sont poignants comme jamais. Ils forment sûrement, avec Ozu, le trio
d'acteurs/réalisateurs qui ont le plus tourné ensemble du cinéma.
La mise en scène de Ozu est si poétique, si spécifique, si talentueuse, si originale, composée uniquement de plans larges et fixes.
Cette caméra immobile donne à chaque instant l'impression d'observer un tableau.
Le premier film d'Ozu que j'ai vu et sûrement un de ses meilleurs !
Il se situe quelque part entre <i>Voyage à Tokyo </i>et <i>Le goût du riz au thé vert</i>, quelque part sur le tropique du chef-d'œuvre...
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