Emilia Pérez par LiNkEl

Sous ses faux airs de film original, le nouveau Jacques Audiard n'est en réalité qu'un condensé de techniques et références classiques qui use beaucoup (malheureusement) des méthodes du blockbuster en y injectant (mal) des scènes chantées.

Le casting est moyen, Zoé Saldana sauve le tout.

On commence par nous plonger sans subtilité dans la vie (cliché) d'une avocate de second plan. Audiard veut nous faire croire à son film mais c'est si grossier que ça devient risible. Il veut, ça se voit, faire des personnages un minimum complexe, mais c'est raté. On n'y croit pas une seconde. C'est improbable. Et ça ne nous touche pas. Ça nous gêne...

Les scènes chantées sont trop présentes et trop superficielles (voire inutiles) tout juste bonnes à arracher les larmes aux spectateurs.

Mais le plus gros problème du film c'est que tout est explicite. Il aurait pu introduire du doute, de la subtilité, un enjeu supplémentaire qui serait resté mystérieux. Mais non. Tout est dit. Il n'y a plus rien pour le spectateur.

Pour qu'un film soit efficace, il faut faire participer le public, il faut l'inclure, il faut qu'il doive réfléchir pour comprendre, qu'il tente de se mettre à la place de, pour ressentir comme. Ainsi, chacun voit le film de telle maniere, ainsi le film fait ressortir des choses différentes chez chaque spectateur.

Ici, non seulement Audiard n'essaie même pas de créer un peu d'ambiguïté, mais il nous force carrément à gober sa "morale", qui n'est malheureusement même pas réellement intéressante.

Reste la qualité visuelle à la hauteur du budget et la langue espagnole qui fait plaisir au ciné.

On préférera toujours Almodovar ou Demy à ce piètre mélange des deux.