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Après une assez nette traversée du désert, Priscilla était attendu comme le retour en forme de Sofia Coppola. Le résultat se révèle en demi-teinte, proposant des choix artistiques qui soufflent certes le chaud et le froid mais ont le mérite d'être affirmés et singuliers. Si Priscilla s'imposait immédiatement dans les esprits comme un remake déguisé de Marie-Antoinette, le film est pourtant autant sur Elvis Presley que sur sa femme éponyme.
Il évite de ce fait une redite narrative trop frontale consistant à sonder la solitude et le vide existentiel d'un unique personnage féminin. Cela transparaît par exemple dans le traitement du Colonel Parker, totalement à l'opposé de celui de Baz Luhrmann. Là où ce dernier prenait les traits d'un Tom Hanks ogresque et diabolique, la réalisatrice décide de laisser le personnage hors-champ et de ne manifester sa présence que via des conversations téléphoniques avec Elvis, observées à distance par Priscilla.
Ce qui pourrait apparaître comme de l'ordre du détail apporte pourtant une nuance thématique essentielle au projet : la vie du King apparaît aussi contrôlée et formatée de A à Z par son manager que ne l'est celle de sa femme par lui-même. Jacob Elordi réalise d'ailleurs un travail d'interprétation remarquable qui ne se limite pas simplement à des attitudes machistes voire misogynes. Il laisse transparaître certaines fêlures et ménage dès lors un espace de jugement bienvenu au spectateur du film.
Malgré tout, Coppola semble irrésistiblement retomber dans des schémas beaucoup plus programmatiques. La mise en scène est certes à propos avec ces cadres symétriques, cette photographie ouatée et ces décors stériles qui figurent Priscilla dans une maison de poupée. Mais elle a aussi pour défaut corollaire de nous la rendre monolithique et distante, figée dans son archétype d'innocente éplorée.
La narration, toute en boucles temporelles simulées par des rimes visuelles parsemant le récit (les mêmes scènes sont littéralement répliquées à des moments distincts du film), procède de la même pertinence pour souligner la triste redondance qui préside à l'existence de Priscilla. Le revers de la médaille est pourtant du même ordre : elle ne lui ménage que peu de latitude pour évoluer et lui offrir une émancipation palpable, celle-ci étant d'ailleurs expédiée en ellipses brutales dans le tout dernier quart de métrage.
Là réside in fine le grand paradoxe du dernier né de la cinéaste : il ne paraît jamais aussi frais que lorsqu'il ressemble le moins à du Sofia Coppola et se permet quelques sorties de route au réel potentiel de renouvellement thématique. L'on se contentera, dans un élan d'optimisme, à envisager ces intéressantes esquisses comme une promesse bientôt tenue.
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Créée
le 13 janv. 2024
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