Aux frontières du réel
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Victor (Eric Judor) se voit contraint par sa femme (Célia Rosich) d’aller passer 3 jours avec elle et leur fille dans une ZAD dirigée par son ancien professeur de yoga (Michel Nabokov). Mais alors qu’ils vivent là, coupés du monde, ils découvrent qu’une terrible pandémie a eu lieu sur Terre, et qu’ils sont peut-être bien les derniers survivants. Ils recréent alors une société idéale, où ils vivent selon leurs règles (ou plus précisément, leur absence de règles), mais cela ne va pas s’avérer si facile…
Au vu d’un passé pas si glorieux que ça, on avait des raisons de se méfier d’Eric Judor, ici acteur principal et réalisateur. Et pourtant, c’est avec étonnement que l’on découvre un film qui, s’il cultive un peu trop l’art de la vulgarité facile, n’en porte pas moins un propos aussi intelligent que politiquement incorrect. Car en effet, le scénario de Noé Debré et Blanche Gardin (aussi actrice) devient vite prétexte à démonter les pratiques zadistes, sans jamais les épingler méchamment, mais en démontrant avec beaucoup d’humour et de pertinence leurs contradictions parfois franchement délirantes.
S’appuyant sur un excellent casting et une mise en scène plus qu’honorable, Problemos s’avère donc une constante bonne surprise, délicieuse satire qui, derrière une apparence de comédie potache, soulève de vraies questions et de vrais problèmes (la fin, notamment, se révèle une bonne occasion de débat), le scénario se révélant d’une originalité inattendue et rebondissant toujours au moment où il commence à retomber.
Grâce à une belle écriture des personnages, le film s’autorise même à nous faire considérer avec une certaine tendresse ces doux dingues finalement plutôt inoffensifs (quoiqu’on s’éloigne certes là de la réalité, au moins en partie), dont l’engagement derrière une cause à l’apparence généreuse et anti-système (alors même qu'elle est profondément dépendante du système, comme le rappelle très intelligemment le film) leur permet de cacher leur propre médiocrité, une médiocrité qu’ils refusent de s’avouer à eux-mêmes. Et même s’il emprunte parfois quelques détours inutiles et peu amusants, la faible durée du film (1h25) empêche que l’on s’y ennuie, et l’on préférera goûter cette satire savoureuse qui, pour une fois, ne rate pas sa cible.
Créée
le 29 juin 2018
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