Un casting explosif pour un film plus classique

Imaginez un film avec Mario Adorf, en procureur borné et gominé : tout va bien, nous sommes bien dans un poliziottesco du début des 70's. Ajoutez un jeune et beau Michele Placido en gauchiste peut-être terroriste, et on reste dans le thème, vous pouvez vous installer tranquillement dans votre fauteuil en espérant quelques poursuites en voiture (il y en a). Mais ajoutez Zouzou, dite Zouzou la twisteuse, la muse du Paris de chez Castel et de chez Régine, et on commence à ne plus rien comprendre. Mettez une pincée de Bernard Blier, qui semble d'ailleurs s'emmerder ferme dans sa robe de juge, et on se demande dans quelle dimension on progresse. Pour finir, comme rôle principal, mettez une vrai princesse à la ville, Ira von Fürstenberg, plutôt très mignonne avec ses cheveux courts, héritière du groupe Fiat qui plus est, donc guère dans le besoin, et plus connue en matière cinématographique dans ses compositions érotiques livrées à ses heures perdues, et on voit flou en se demandant vraiment ce que ce mélange va donner !

Par rapport au coté détonnant du casting, le film est presque trop classique, mais il est intéressant. Il s'agit selon moi plus d'un film politique, dans la lignée, un ton en dessous, de ceux d'Elio Petri ou Costa Gavras, qu'un vrai poliziottesco.

L'histoire : une bombe explose dans un train. La police arrête une série de jeunes hommes classés à l'extrême gauche, dont Baldini, joué par Michele Placido. Au bout de quelques heures de garde à vue, Baldini meurt. Pour sa sœur Laura (jouée par Zouzou) ainsi que pour la journaliste Cristina Visconti (joué par Ira Von Fürstenberg) la mort n'est pas naturelle. A elle deux, elles vont tenter de mener l'enquête, bien difficilement. Une idée vient à Cristina : écrire sans preuve un article chargeant les policiers, afin de faire accoucher la vérité dans un procès en diffamation.

Une particularité intéressante de ce film, c'est que ce sont deux femmes, Laura et Cristina, qui mènent l'enquête. Les hommes sont soit lâches, soit traitres, soit les deux. On est donc face à un cas de poliziottesco feministe, une espèce rare, voire unique à ma connaissance. J'ai pris à titre personnel beaucoup de plaisir à revoir Zouzou, que j'avais adoré dans Lyly aime moi, petite perle française des 70's.

L'autre particularité intéressante du film, c'est ce fameux procès en diffamation, qui permet d'établir progressivement certaines vérités. Les juristes adoreront cette construction, dans laquelle le procès filmé a une grande place, tandis que les autres pourront trouver un peu longues ces séquences.

Le film traite d'un sujet au combien d'actualité : celui du rôle de la police et de la justice face aux délinquants politiques, dans un contexte de terrorisme.

Un film par certains cotés imparfaits, un peu didactique, pas toujours convaincant, mais qui mérite le détour, rien que pour le duo de choc féminin.

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le 31 juil. 2024

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