Profession : reporter par Alligator
Je n'ai pas accroché. Pourtant il y avait de quoi : Nicholson, le désert, l'Andalousie et Barcelone. Je débutais le film avide. Je le termine à vide.
Antonioni n'est pas un médiocre question cadre, mise en scène, il y a en effet quelques idées réjouissantes, de très beaux plans, des séquences intrigantes. Le flash-back de la conversation entre Robertson et Locke, flash back intégré dans un même mouvement de caméra. La caméra bouge beaucoup. Comme dans ces voitures qui passent, droite, gauche, droite pour s'arrêter sur la tablée en bord de route. Ou bien ce long plan séquence final, qui passe à travers la grille, un plan bien mystérieux.
Mais, je me suis fait chier. D'abord gentiment. Le passage africain me pose encore des questions. Pourquoi tel ou tel plan? Pourquoi une telle lenteur? Pourquoi ces questionnements et ces questions creuses?
Et puis je me suis fait chier officiellement. Tout de même, il y a de quoi. Les personnages sont particulièrement emmerdants. Dépressifs. Semblant désincarnés. Déjà morts. Sans révolte. Sans vie quoi. Quand Nicholson demande à Schneider "Qu'est-ce que tu fous avec moi?", je me demande ce que je fous avec ce film.
L'histoire de l'aveugle qui recouvre la vue et se suicide ne supportant pas de voir la laideur du monde me fait prendre conscience de tout le film. Du pourquoi il ne m'atteint pas. Le monde est laid ET beau, n'en voir qu'une face est d'une telle fadeur. Voilà, les personnages sont cons et ternes. Sans sel. Chiants. Le cœur à plat. Et de ce fait ne m'émeuvent pas. Nicholson a beau fuir sa mort annoncée, a beau essayer de trouver un sens à sa vie, une identité, la beauté dans son existence, je m'en cogne. C'est triste parce que je sens bien qu'Antonioni en a sous le capot. On dirait que son personnage fait semblant de survivre. Je n'y crois pas. Lui non plus.
Et puis il filme admirablement les grands espaces, le vide du désert (avec Nicholson souvent de dos). Dès qu'il y a du monde et du mouvement, c'est un peu moins parlant. La dense Barcelone passe presque inaperçue (à part un très joli et gonflé plan en plongée depuis le téléphérique).
Ça va être dur de retenter un Antonioni.