Après une fructueuse carrière d'acteurs pour la Shaw Brothers et pour Sammo Hung (entre autres), Leung Kar Yan décide de passer derrière la caméra pour ce Profile in Anger qu'il a également écrit et chorégraphié. On est loin des kung-fu (comedy) qui lui ont donné sa petite réputation avec cet actionner contemporain et urbain. Mais l'échec de ce premier film a fortement réduit ses aspirations, ce qui se comprend vu le résultat pour le moins bordélique et bâclé.
Outre les ahurissantes fautes de continuité (Leung Kar Yan possède une coiffure/barbe qui ne suit aucune logique d'une scène à l'autre), ce titre souffre d'un scénario incompréhensible et écrit en dépit du bon sens. Sa structure est illogique au possible avec l'histoire de vengeance qui se retourne contre l'"orphelin" et de manière invraisemblable sur son ami. Pourquoi ? On ne le saura jamais vraiment comme on sait jamais comment les personnages retrouvent leurs adversaires (ni même comment ils prennent connaissance de leur existence). Rarement une histoire m'aura semblé à ce point expédiée. L'avantage c'est que ça donne au moins un rythme soutenu... Du moins pour sa seconde moitié.
La première est quand même très décevante avec sa laborieuse mise en place de quasiment 40 minutes (soit la moitié de sa durée) malgré ses pointes de sadisme qui s'abattent sur l'infortuné vengeur et sur la femme de Leung Kar Yan.
Cette première moitié ne sait vraiment pas quoi raconter. On passe d'un personnage à l'autre sans cohérence, on se coltine des scènes de remplissages pour appâter le client (ou le distributeur roublard) avec des scènes érotiques sans intérêt et une escapade gênante à la plage.
Et puis miracle, quand commence la seconde moitié (anticipation du VCD ?), le film bascule dans le grand n'importe quoi, débile et fun lors d'un guet-apens improbable où Leung Kar Yan se fait attaquer par des motards présent à l'étage d'un bar (?) et où tout le mobilier est conçu pour être fracasser (y compris un piano totalement creux !). Mine de rien, les cascadeurs ne font pas les choses à moitié.
Cette scène lance le film dans une direction bis autrement plus réjouissante avec combats bourrins (pas forcément très bien chorégraphiés), des tortures gratinés (et gratuites comme la femme enceinte fauché par une voiture), des méchants énervés qui semblent s'être trompé de film, des junkies entre zombies (mangeur de rats) et les guerriers du Bronx ou encore une poursuite en voiture accélérée et bien furieuse à la Mad Max. Le tout dans une ambiance crade et bien sale.
Encore une preuve qu'un film ça se regarde en entier. Ca peut commencer comme un navet et se conclure dans une débauche magique de port nawak fort entraînant.