L'île nue
Des années 60 aux années 80, dans des écrins donc très différents, Imamura a déjà eu l'occasion de produire des films qui m'ont pas mal dérangé sur la forme, entre les excès de "Pluie noire", la...
Par
le 8 juil. 2021
4 j'aime
Des années 60 aux années 80, dans des écrins donc très différents, Imamura a déjà eu l'occasion de produire des films qui m'ont pas mal dérangé sur la forme, entre les excès de "Pluie noire", la satire dans "Le Pornographe", ou l'outrance de "La Ballade de Narayama" (version de 1983). Il y a une incompatibilité de style qui se manifeste donc de temps en temps, mais pas systématiquement, cf. par exemple la belle révélation récente avec "Cochons et cuirassés". Encore un tracassé des animaux, pour continuer sur cette voie, qui plante le décor du présent film à l'aide de nombreuses vignettes illustrant par la faune locale la violence d'un monde primitif, partagé entre sensualité et prédation, entre le sexe et la mort, au creux d'un cycle d'histoires qui se répètent comme le concrétise le chanteur / conteur sous l'effet de jeux de lumière très appuyés.
Honnêtement j'ai eu du mal à voir où Imamura voulait en venir pendant un long moment — encore plus long dans un film de 2h50 — une fois établis le choc entre la civilisation et la nature, les interactions entre interdits et pulsions, dans ce style qui lui est caractéristique fait d'humour, de satire sociale et de crudité. Un ingénieur de Tokyo débarque sur une île pétrie de légendes et de superstitions pour remettre en route une raffinerie de sucre de canne, et le fil rouge suit un minimum sa confrontation, en bon symbole de la modernité capitaliste, aux rites ancestraux de l'ancien Japon insulaire.
Un film franchement difficile à appréhender, qui demande sans doute d'y revenir pour aller au-delà des évidences, des amours incestueuses qui recréent les légendes autour de la formation de l'île. Il faut s'investir dans l'exploration de l'île et je dois avouer ne pas avoir eu la curiosité particulièrement titillée. Une ambiance malsaine flotte sur tout le film, certes, dans une captation presque baroque, très grotesque, qui alimente une imagerie qui aurait pu être attrayante. Mais cette évocation de l'esprit panthéiste, du poids des croyances, des rituels chamaniques, au sein de ces interludes musicaux et de ces filtres colorés, produit un ensemble un peu trop audacieux et hétérogène à mon goût.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Top films 1968, Avis bruts ébruités, Réalisateurs de choix - Shôhei Imamura et Cinéphilie obsessionnelle — 2021
Créée
le 8 juil. 2021
Critique lue 586 fois
4 j'aime
D'autres avis sur Profond désir des dieux
Des années 60 aux années 80, dans des écrins donc très différents, Imamura a déjà eu l'occasion de produire des films qui m'ont pas mal dérangé sur la forme, entre les excès de "Pluie noire", la...
Par
le 8 juil. 2021
4 j'aime
Vu sur ARTE, cycle cinéma japonais/Tôkyô2021, Shôhei Imamura. Too many things to see, too many to read through, too many astounding performances to watch. Under the condition one can tolerate...
Par
le 21 sept. 2021
2 j'aime
Un peu long, parfois un peu décousu, mais globalement plaisant. Les personnages sont intéressants ; je les ai trouvés un peu sous-exploités, surtout par rapport à la longueur du film, mais cela...
Par
le 16 avr. 2022
1 j'aime
Du même critique
Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...
Par
le 20 juil. 2014
144 j'aime
54
"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...
Par
le 10 janv. 2015
140 j'aime
21
Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...
Par
le 8 mars 2014
126 j'aime
11