Faces of a woman
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Promising Young Woman, produit entre autres par Margot Robbie et réalisé par Emerald Fennell, expose la lente déliquescence consentie de Cassie (Carey Mulligan) après la disparition de son amie Nina.
Si le fond de l'histoire s'appuie sur le genre de drames remis sur le devant de la scène avec des mouvements comme MeToo, le registre employé s'éloigne grandement du ton grave et délicat de films comme "The Assistant" ou "Never Rarely Sometimes Always". Comédie noire cherchant à faire feu de tout bois qui aurait pu tout autant prendre la forme d'un film noir pur et dur, Promising Young Woman tient les promesses suggerées par le marketing d'un film péchu sans pour autant prendre le chemin qu'on aurait pu imaginer (grand bien lui fait) : à savoir celui d'une tueuse en série de vilains salauds piliers de bars.
La structure du film adopte celle du carnet rempli progressivement par Cassie, à savoir une liste chapitrée d'évènements et de choses à accomplir menant à un dénouement en deux temps moins étonnant que cohérent. La narration du film est dès lors balisée voire même impersonnelle malgré une volonté d'apporter à l'ensemble un allant quelque peu acidulé et très "american way of life" tout droit sorti d'un clip de Katy Perry. Cependant la cohérence du personnage de Cassie et l'interprétation caustique et assurée de Carey Mulligan convainquent de suivre corps et âme le périple enflammé de son personnage entre les verrouillages sociaux qui s'opèrent et les œillères qui s'ajustent après des drames de soirées étudiantes comme celui sur lequel le film base son histoire.
Pourtant ce n'est pas tant un discours spécifiquement féministe qui semble occuper la réalisatrice, prompte à divertir davantage que ce qu'il est attendu dans des films du même acabit, que la quête cathartique de Cassie à l'écart du traumatisme subi par la personne dont elle porte le nom en pendentif. Le film jouit bien sûr aussi de ses interprétations masculines nuancées et acculées car il n'existe pas de monstre sans une misère cachée. Il faut d'ailleurs retenir ici Bo Burnham en pédiatre mal à son aise et Alfred Molina en avocat repentant et insomniaque.
En définitive Promising Young Woman tape du pied une fourmilière déjà bien martelée. Néanmoins l'ambivalence du dénouement, ne s'attardant pas à tirer sur l'ambulance d'une certaine masculinité, tout comme le ton du film oscillant entre comédie noire et tragédie feel-good, permettent de recentrer le spectateur sur ce qu'il y a au fond de plus intéressant ici : la prise en sympathie de sa personnage principale et sa volonté d'en découdre avec ce qu'elle ne pouvait laisser derrière elle. On se retrouve au final avec un divertissement amer de par son histoire et libéré de par son ton qui, pour contredire tout de même le marketing, n'enfonce pas vraiment son aiguille dans la veine du film de vengeance féminine. C'est plus subtil que cela.
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Créée
le 1 janv. 2021
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