Astron-6, créée en 2007 par Adam Brooks et Jeremy Gillespie, est une société de production canadienne spécialisée dans les films indépendants à petit budget. On leur doit par exemple Manborg (2011), Father’s Day (2011), The Void (2016) ou encore Leprechaun Returns (2018). Oui, voilà, du bon et du moins bon. Dans ce collectif, on trouve également le jeune réalisateur Steven Kostanski, qui est d’ailleurs à la barre de plusieurs des films cités précédemment. Ce dernier, également spécialiste des effets spéciaux, a aussi travaillé sur des blockbusters américains tels que Resident Evil : Retribution (2012) de Paul W.S. Anderson, Pacific Rim (2013) et Crimson Peak (2015) de Guillermo Del Toro, Ca (2016) d’Andy Muschietti ou encore Suicide Squad (2016) de David Ayer. Son dernier film en date, Psycho Goreman, a fait sensation dans tous les festivals par lesquels il est passé. Comment définir ce film ? Imaginez une production Spielberg des années 80, avec des enfants en guise de héros, qui se serait accouplée avec une série B, voire Z, de chez Troma, avec du bon gros gore et un côté politiquement incorrect. Ça y est ? Vous voyez le topo ? Alors c’est parti pour Psycho Goreman, une bobine très fun !


Encore inédit chez nous de manière légale (à l’heure où j’écris ces lignes) mais dispo sur la plateforme de streaming Shudder, Psycho Goreman est un film qui surfe sur la vague du revival années 80 que la série Stranger Things a relancée. Mais au lieu d’en abuser complètement comme beaucoup récemment, le réalisateur Steven Kostanski le fait avec bien plus d’intelligence. Enfin, pour être précis, le film se passe dans les années 90 si j’en crois la console à laquelle ils sont en train de jouer (une N64) mais le film est fait presque comme s’il avait été réalisé dans les années 80, aussi bien dans sa direction artistique, ses effets gores à l’ancienne ou encore son univers musical et sonore (du synthé, de la gratte électrique façon heavy métal). Ça sent la nostalgie à fond les ballons et il est clairement facile de repérer des clins d’œil à des films tels que Evil dead, The Blob, The Gate, Hellraiser, Toxic Avenger, Star Wars, Terminator 2, … Mais ce n’est jamais du clin d’œil gratuit tant la démarche de Steven Kostanski semble sincère. Psycho Goreman ne va pas perdre de temps et balance en moins de 10 minutes tout ce qui fera sa force : un monstre sanguinaire venu des tréfonds de l’espace (la planète Gigax), dont le but ultime est de détruire l’univers, va se retrouver contrôlé par une fillette de 9 ans un peu effrontée après qu’elle ait trouvé avec son frère un petit artefact lumineux, enterré dans son jardin, lui permettant de faire ce qu’elle veut de ce monstre qu’elle surnommera Psycho Goreman, PG pour les intimes. Le film va énormément jouer avec ce contraste entre le monde des enfants et le monde des extraterrestres, l’envie de sans cesse déconner et rigoler d’un enfant de 9 ans et le premier degré constant de la créature sanguinaire dont la seule préoccupation est de tuer tout le monde. Il en résulte des échanges absolument savoureux et des scènes complètement improbables et/ou absurdes. Les réactions de PG, forcément pleines de frustration de ne pas pouvoir déjà commencer par exploser ces deux marmots, sont savoureuses tant cette petite peste haute comme trois pommes lui fait faire n’importe quoi (promener des chiens, être gentil avec ses parents, jouer à Crazyball, …).


Clairement, Psycho Goreman va enchainer les scènes toutes plus funs les unes que les autres et c’est souvent à hurler de rire. Le film va à fond dans la caricature, tous les clichés du genre sont volontairement poussés le plus loin possible. Même chose pour les facilités dans le scénario avec lequel le réalisateur va s’amuser. Oui, Psycho Goreman est à la limite de la parodie. C’est un film à prendre au 8ème degré car c’est ainsi qu’il a été pensé. Il n’y a qu’à voir la galerie de monstres, semblant tout droit sortie d’un épisode de Power Rangers version destroy, ces scènes complètement improbables semblant tirées d’un film Troma, cette scène finale improbable à souhait jusque dans la chanson du générique de fin qui détourne un hit existant. Le personnage de PG vaut à lui seul son pesant de cacahuètes et se rapproche sur certains aspects du Terminator de Terminator 2 (aucun humour, toujours premier degré, avec la fillette qui lui apprend les valeurs de la famille, …). Il devient très vite attachant malgré ses envies de détruire la galaxie et son look à mi-chemin entre le Wishmaster et le Jeepers Creepers, contrairement à la jeune fille qu’on a envie de baffer à chacune des scènes tant son personnage est … à baffer. La jeune Nita-Josee Hanna (dont c’est le premier film) l’interprète d’ailleurs à merveille et c’est à souligner tant les films avec des enfants en guise de héros peuvent être à double tranchant (ils ne savent souvent pas réellement jouer). Matthew Ninaber (qui incarne PG) s’éclate de son côté à défoncer tout ce qui bouge. Psycho Goreman est en effet bien gore, du bon gros gore qui tache à l’ancienne. PG fait exploser des gosses, empale des gens, les fait exploser, les décapite, les mastique, … Les hectolitres coulent à flot et l’amateur de gore est toujours content de voir du SFX à l’ancienne, comme on le faisait dans les années 80, avec du maquillage, du latex, des prothèses et autres animatronics. Il y a également du CGI, surtout lors des flashbacks sur le passé de PG, mais là aussi ils sont faits pour leur donner un look vieillot et ça passe nickel avec le reste du métrage. Alors c’est clair que Steven Kostanski manque un peu d’audace dans sa mise en scène et qu’il se contente de faire quelque chose de basique avec sa caméra. Mais on sent un tel enthousiasme dans ce qu’il propose, une telle sincérité, avec un côté sale gosse qui fait plaisir, qu’on lui pardonne aisément ce manque de folie dans la réalisation, folie dont le film lui-même ne manque clairement pas.


Psycho Goreman est un film gore, trash, politiquement incorrect, et versant volontairement dans le bis. Mais c’est surtout un film généreux, très frais, vraiment fun, et souvent à mourir de rire. Une très bonne pioche à ranger du côté de Turbo Kid et autres Kung Fury dont il se rapproche sur bien des points.


Critique originale avec images et trailer : ICI

cherycok
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le 16 févr. 2021

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