Allez à la douche !
Parfois il faut s'y prendre à plusieurs reprises pour voir ce qu'une œuvre a dans le ventre. Surtout quand celle ci est sur-vendue, associée à une pléiade d'hommages et parodies diverses et variées...
le 26 mai 2014
110 j'aime
ATTENTION SPOILERS
Difficile de trouver des défauts à un monument de l'histoire du cinéma, surtout quand on est naturellement bon public, et surtout, qu'on n'a pas les connaissances techniques cinématographiques. C'est pourtant ce que je vais essayer de faire.
Il serait bien sûr absurde et ridicule de dire que ce film est un échec. Pourtant , des choses me gênent, surtout au pont de vue du scénario, et me font dire que le potentiel global de l'intrigue a été parfois sous-exploité. Surtout à la fin!!!
Première partie : elle est très bonne, même si la scène amoureuse du début traine un peu trop à mon sens, on aurait pu aller au plus vif, mais ça passe. Ensuite, le bureau et la tentative de séduction de l'homme d'affaire vis à vis de Marion, ça passe aussi, mais on a un peu l'impression qu'on se traine... cela dit, ça marche... Mais il faut tout de même attendre la dixième minute de film (Marion chez elle prenant la décision définitive de voler l'argent) pour qu’enfin la tension et l'angoisse apparaissent chez le spectateur. Est ce tard pour un film qui se prétend à très haut suspense? Il peut y avoir débat. Mais là encore on ne peut n'y voir qu'un défaut mineur.
Histoire du policier, du vendeur de voiture, arrivée chez Bates: tout ça, rien à dire, impeccable (du moins je pense).
Je dirais que c'est avec l'arrivée de Bates que les choses commencent à clocher. Certes il est inquiétant à certains moments. Mais pas toujours, et c'est quand même un des défauts (mais là encore plutôt pardonnable) du film selon moi. On en voit un premier exemple lorsqu'il entreprend le nettoyage du meurtre sous la douche : il est plus anxieux qu’effrayant...
Deuxième partie : même si tout est bon, il me semble que la prestation de Perkins est inégale en ce sens qu'il parait relativement inoffensif à certains moments, je pense notamment à celui de l'interrogatoire par Arbogast: il fait plus gamin dissimulant sa faute que prédateur (mais c'est évidemment voulu par Hitchcock). Le choix est donc là aussi défendable par certains aspects. Cela dit la façon dont il s’empêtre dans sa description du séjour de Marion au motel est plus comique qu'angoissante (Hitchcock a eu la formule selon laquelle il n'aurait tournait QUE des comédies...)
A plusieurs reprises , dans la deuxième partie du film (et même dans la première), on prend soin de présenter Bates comme une victime est un personnage censé susciter une forme de compassion. Hitchcock le fait d'ailleurs brillamment. Mais là, encore n'y a t il pas un amoindrissement du climat d'effroi censé peser sur tout le film. J'ai notamment été assez gêné par cette présentation qui nous est faite de la chambre de Bates, à la fin, quand Lyla s'y introduit. Je pense que Hitchcock nous en montre trop à ce moment là et cède à la psychanalyse facile!
l'ombre d'une poignée de porte montrée au moment où Arbogast vient d'entrer dans la maison interdite est 100 fois plus efficace que les jouets de Bates rapidement présentés à la fin!
je ne sais pas si Hitchcock se sent très à l'aise dans les dernières minutes du film: l'intervention de la soeur et l'amant au motel semble un peu poussive et laborieuse. Certes le suspense est là, mais Bates encore une fois fait plus gentil garçon qu'autre chose. Il est possible aussi que le fait que cette intervention au motel se soit fait de façon diurne n'ait pas aidé le film à garder l'efficacité globale qu'il avait jusque là...
Pas besoin de présenter le coup de théâtre final que chacun connait, et qui d'ailleurs, malheureusement, a dû paraitre relativement prévisible, même au spectateur de 1960...
Mais je garde l'énorme défaut du film pour la fin: POURQUOI Hitchcock est allé introduire ce psy faussement modeste et pédant nous sortant une psychanalyse lourdingue, d'un didactisme presque soporifque! Ce final a brutalement réduit le film à un sens unique, refermant brutalement tout le champ des possibles qui s'était déployé durant 1h30!!! Le pire c'est qu'Hitchcock hésitait à mettre cette scène d'explication! Et il y a un consensus global chez les cinéphiles aujourd'hui pour dire que son choix a été une erreur...
J’irai même plus loin en disant qu'il n'ait pas du tout sûr que scénaristiquement parlant une fin marquée par l'arrestation de Bates ait été le choix le plus pertinent...
cette fameuse scène du monologue final avec le visage de momie en surimpression (et les modifications bien sûr que ça aurait entrainé) aurait eu un impact BIEN plus grand si le personnage s'était trouvé encore en liberté, chez lui... et non dans un cadre d’enfermement psychiatrique et judiciaire.
Ce film aurait été je pense magistral de bout en bout si Hitchcock avait choisi une fin dans l'esprit de ce qu'a fait bien plus tard Carpenter dans "Halloween" : disparition du monstre, danger partout et nulle part!
Dommage, vraiment... D'autant que le scénario avait l'énorme avantage de pouvoir théoriquement jouer sur une ambiguïté fantastique (c'est très net par exemple lors des révélations du shérif sur la mère) qui n'a pas été exploitée!
De tous les films d'Hitchcock c'est certainement celui dans lequel son maniement de la psychanalyse est le plus maladroit, tant sur le fond que sur la forme... De ce point de vue "Rebecca" était bien plus subtil!
Je prends le risque de me faire lyncher par les hitchcockiens fanatiques mais pour moi "la nuit des masques " de Carpenter, et surtout, "Shining" de Kubrick sont plus aboutis...
Cela dit, impossible de mettre moins de 8 à un tel film.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mes flms, angoisse-épouvante-horreur : enfin une liste qui tient la route?, L'effroi en noir et blanc, Mes Hitchcocks par ordre de préférence (provisoire) et Mes 60's UK-US
Créée
le 24 janv. 2018
Critique lue 257 fois
12 j'aime
11 commentaires
D'autres avis sur Psychose
Parfois il faut s'y prendre à plusieurs reprises pour voir ce qu'une œuvre a dans le ventre. Surtout quand celle ci est sur-vendue, associée à une pléiade d'hommages et parodies diverses et variées...
le 26 mai 2014
110 j'aime
L’incursion d’Hitchcock dans les abîmes de la perversité est une réussite magistrale. Alors qu’on aborde des sujets complexes et retors, c’est par une certaine économie de moyens que la construction...
le 5 juil. 2013
105 j'aime
22
Il est bien entendu absolument absurde de vouloir écrire une critique intéressante au sujet d'un film sur lequel tout a déjà été écrit depuis des décennies maintenant. Je vais donc me contenter, non...
Par
le 7 juin 2014
62 j'aime
16
Du même critique
En ce début des années 70 on sent la tonalité et le style des thrillers changer. Et de fait on retrouve dans Frenzy certains éléments qui sont proches de Dario Argento. Nettement plus faibles que...
Par
le 11 nov. 2021
21 j'aime
6
ATTENTION SPOILERS La toute première chose à savoir dès lors qu'il s'agit de Shining est le fait qu'il existe deux versions. L'une américaine de 146 min, l'autre européenne, celle que tout le monde...
Par
le 20 déc. 2018
21 j'aime
11
Bien qu'il ne soit peut être pas un chef d’œuvre, voilà un film bien étrange, à l'envoutement souvent indéfinissable, et surtout bien fait... Même si le rythme est lent et qu'on se doute bien qu'il...
Par
le 1 sept. 2021
16 j'aime
1