Un film de gangster par Michael Mann, j'achète tout de suite. Bonne occasion de découvrir la figure de John Dillinger que je connaissais très peu. J'ai lu que le film ressemblait aux Mesrine de Jean-François Richet, dans le fond oui un peu mais dans la forme rien à voir. On a beau dire les américains et tout ça, ils restent je pense les plus disposés à nous livrer du pur cinéma.
Michael Mann utilise donc une caméra numérique pour filmer les années 1930, cela interpelle forcément au début mais on y prend vite goût et comme d'habitude, la mise en scène est immersive, pétillante et intimiste, avec en plus des décors très bien rendus. Le spectateur est dans les années 1930, pas seulement dans le détail mais dans l'ambiance, les criminels de l'époque n'ont rien à voir avec les criminels d'aujourd'hui et je crois que Michael Mann étaient l'un des meilleurs choix pour rendre compte de cela quand on se souvient d'un Heat ou d'un Collateral. Le plus pertinent reste cette frontière entre les policiers et les gangsters, deux mondes en collision comme lors des rencontres entre Al Pacino et Robert De Niro et entre Tom Cruise et Jamie Foxx. Ici ce sont donc Johnny Depp et Christian Bale qui s'y collent, le premier est charmeur, posé et défend un bon rôle qui le change un peu de registre tandis que le deuxième est inspiré et vite apprécié pour sa détermination. Deux scènes communes seulement mais il n'en faut pas moins pour dégager l'éclat de leur relation. Au milieu, Marion Cotillard joue tout en finesse, si sa carrière à Hollywood ne m'intéresse guère, elle tient quand même ici un bon rôle.
Les fusillades sont vraiment réussies sans faire dans l'excès, la plus incroyable étant celle dans la forêt qui en met plein les yeux et les oreilles. Parmi les critiques autour du film, on lui reproche justement cette mise en avant de la technique au profit du développement des personnages, je ne serais pas à 100 % contre cet avis. Je soulèverais simplement que oui Michael Mann privilégie sa mise en scène mais le résultat est payant, j'étais presque admiratif devant certaines scènes, et quand bien même on reste toujours proche des personnages sur la modeste longueur du film. Ses éléments mise à part, je retiens aussi cette montée de tension comme l'attente du feu vert après l'évasion, la torture de Billie et bien évidemment la fin.
Public enemies regorge de qualités qui le rendent très satisfaisant pour moi, un film prenant et techniquement irréprochable. En tout cas, ce n'est pas avec celui-là que je vais commencer à renier le travail de Michael Mann, certes nous sommes assez loin de certains de ses antécédents mais cela faisait bien longtemps qu'un film de cette époque ne m'avait pas autant pris dans son atmosphère.