Il est de mauvaise augure de porter tant d'attentes dans un film, mais comment ne pas attendre un bon film de la part d'un réalisateur aussi bon et incroyable que Michael Mann? Le réalisateur de l'excellent Heat et du magnifique Collateral qui alliait à la perfection les images prises en HD avec la pellicule. D'autant que Public Enemies affichait un casting des plus enthousiasmant, Johnny Depp (Sleepy Hollow), Christian Bale (The Prestige) et Marion Cotillard (La Mome) laissait suggérer que le film serait à la hauteur de l'attente dans laquelle il nous plongeait. Mais le fait est que ce film m'a déçue.

Michael Mann manipule habituellement la caméra comme un virtuose or, ici les plans sont bancales, la caméra bouge au point de vous donner la nausée et la recherche de plan magnifique finit bien souvent par m'attrister. Quand à la qualité des images... ça laisse à désirer. Le directeur photo a composé sa lumière pour un film en pellicule, mais on ne joue pas avec les même carte en pellicule ou en HD et ici les images bavent, sont cramés, voire avec une qualité par moment carrément dégueu. Ca aurait pu le faire pour une série B, mais vu le budget pour les décors, costumes et cascades c'est plutôt triste. Quand aux magnifiques plans auquels nous avait habitué Mann, je me demande bien où ils ont pu passer. Au mieux, on a le droit à des plans classiques bien fichu au pire à des cadres bancales, une caméra pas stable, alors qu'elle nous fait un plan fixe où il ne se passe absolument rien...

On aurait pu ne pas remarquer ces nombreuses erreurs si le film nous avait passionné, mais il n'en est rien. Public Enemies est creux et vide. Johnny Depp tente bien durant les deux heures de donner un peu de vie à ce film mais en vain et ce n'est pas son charmant sourire de bad boy qui va y changer quelque chose. Face à lui, Christian Bale enchaîne des expressions faciales qu'on commence à voir dans tout ses films (The Dark Knight, Terminator Renaissance) avec l'oeil morve, ne parvenant pas à donner vie à ce personnage trop grotesque pour être crédible un instant. Quand à Marion Cotillard, la pauvre se tape le rôle de la godiche attendant son prince charmant. Il y a bien une maigre tentative de donner un peu de profondeur au personnage, mais ce n'est que dans l'excellente scène du passage à tabac de la demoiselle qu'on se prend de pitié pour elle. Si le film donne de sérieuses envies de dormir, il y a bien deux ou trois scènes dans lesquelles on peu retrouver le génie de Michael Mann qui a décidé de jouer à cache cache durant tout le film. La première scène magnifique est bien sûr la séquence d'introduction où Johnny Depp est ramené en prison pour libérer sa bande. La scène possède son propre twist qui fonctionne à merveille, et donne immédiatement le caractère de chaque membre de la bande et constitue pour beaucoup au mystère auréolé de légende de l'ennemi public. La seconde scène est celle de l'asseau du motel où s'est planqué l'équipe. Christian Bale réalisant qu'il a tué des innocents et la manière dont Mann filme son hésitation, son trouble puis la décision qu'il prend est absolument géniale. La troisième scène qu'on retiendra sera le passage à tabac de Marion Cotillard. C'est dans cette scène que son personnage prend toute sa profondeur, se détachant de l'ombre de Johnny Depp pour exploser à la lumière des projecteur dans une scène magnifique dénonçant la violence policière mais aussi la courte vue de ces derniers.

En conclusion, je conseillerais aux fans de Michael Mann d'éviter soigneusement de voir ce film, risque de déception en prévision.
Sophia
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le 21 nov. 2010

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