Par Vincent Malausa
Au moment (ou presque) où sort un Ennemi public en DVD (Richet), un autre débarque sur les écrans. Le moindre plan de Public enemies vient alors nous rappeler combien le diptyque moustachu de Richet demeure un pois chiche à l'aune du chef-d'oeuvre qui se déploie sous nos yeux. De Mann, qui revient au biopic (les derniers mois de la vie du mythique gangster Dillinger) huit ans après son chef-d'oeuvre Ali, difficile d'attendre un documentaire historique croulant sous les informations Wikipedia. Public enemies n'évolue pas plus du côté du film noir à intrigue broussailleuse à la John Huston. En un peu plus de deux heures, il file dans la nuit sans jamais se retourner, tissant un climat de douceur hallucinée qui n'est pas sans rappeler l'avancée d'Ali, avec cette impression de traversée sans résistance, presque somnambule, d'un fragment de mythologie américaine. Débarrassé de tout grotesque costumé (postiches moisis de Richet, costumes et effets raidis du biopic à Oscars), réduisant ses figures et motifs à de purs signaux lumineux (la salle d'écoutes transformée en cité artificielle, les carrosseries noires luisant dans la nuit, les chapeaux rasoirs qui découpent l'arrière-plan), le film semble toujours au bord de l'évaporation, ne trouvant appui que dans l'admirable ronde de personnages (le chasseur Melvin Purvis, la douce Billie Frechette) que Mann place un peu artificiellement sur la route sublimement solitaire de son héros. (...)
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