"Wrong! Wrong, this shit doesn't just happen."

Il n'y a rien de plus relou qu'un mec qui veut sur-analyser ton film. Celui qui t'explique les indices laissés par Kubrick dans ses faux-raccords, ou la véritable signification malsaine de Le Voyage de Chihiro. Et ça, Tarantino l'a bien compris.


Pour être sûr que personne ne se leurre sur ses véritables intentions, il réutilise pour la seconde fois la technique du double-sens de lecture. Encore une fois, son film possède bien une couche supplémentaire à celle de l'histoire littérale pour l'interprétation de son film. Et que nous dit cette couche ?


Arrête de me fixer comme ça et détends-toi mon gars, t'es juste en train de mater un film


Et effectivement, on nous rappelle constamment que l'on ne regarde qu'un film. Une distorsion de la réalité dans un but de divertissement. Les leçons de Godard ont été bien apprises : ça dessine des rectangles directement sur l'écran, les acteurs vont répéter alors qu'ils sont à l'écran, et Christopher Walken nous parle diarrhée les yeux dans les yeux.


Et si on plonge complètement dans cette vision des messages cachés, on pourrait facilement croire qu'une discussion sur comment les différences culturelles peuvent changer la vision d'un même objet comme un Royal Cheese sont en fait une métaphore des différences de perception ou d'interprétation d'un même film, ou même que le personnage d'Harvey Keitel représenterait Tarantino lui-même, donnant des directives que n'importe quel quidam aurait pu trouver, et récoltant les lauriers avec plaisir.


Sauf que non. Tout est à prendre littéralement. "It's the one that says Motherfucker" n'est pas une personnification, le porte-feuille est littéralement marqué par l'insulte.


Cette dernière conclusion permet de répondre à la question : "Pourquoi la scène de danse ?"
Because fuck you, that's why...


Et tout l'intérêt du film réside dans cette réponse. Le scénario n'est qu'une suite de Deus Ex Machina sans fin, et l'ennui ne s'invite jamais. On enchaine les situations les plus jouissives, et tant pis si la logique en prend un coup. Cette idée ira même jusqu'à se glisser dans le titre : il ne s'agit ici que d'une fiction un peu moisie, avec pour aucun autre but que de te divertir.


Si on me demande quel film regarder pour pouvoir comprendre l'essence même du cinéma, je répondrai forcément : Pulp Fiction.


Du coup, le mec relou qui sur-analyse tout... C'est moi ?


Critique faisant parti d'une rétrospective sur le réalisateur :
http://www.senscritique.com/liste/Retrospective_Quentin_Tarantino/1207072

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le 15 nov. 2015

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Mayeul TheLink

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