Parmi les très nombreux films d'horreur emblématiques des années 80 on oublie très souvent et à tort Pumpkinhead : Le Démon d'Halloween premier film en tant que réalisateur de l'immense Stan Winston. Le film va certes enfanter toute une saga de rejetons pas toujours très regardables mais ce premier film possède suffisamment de qualité formelles et thématiques pour remettre le Pumpkinhead à sa juste place dans le grand bestiaire des eighties.
Le film nous raconte l'histoire de Ed Harley qui élève seul son jeune fils Billy et tient une petite épicerie dans un coin paumé des USA . Des jeunes citadins débarquent pour faire du moto cross et l'un d'entre eux tue accidentellement Billy , Ed décide alors en représailles de rendre visite à une sorcière afin d'évoquer un démon vengeur du folklore local.
Avec cette histoire de deuil soudain et accidentel qui pousse un père de famille vers l'irrationnel et le fantastique Pumpkinhead : Le Démon d'Halloween fait dans un premier temps un peu penser par sa thématique au Pet Semetary de Stephen King. Le film s'en éloignera ensuite proposant une fois le démon entré en scène une opposition bien plus classique entre des jeunes adolescents au fond des bois et une menace exterminatrice. L'histoire inspirée d'un poème de Ed Justin s'appuie sur une écriture carré, efficace et sans fioritures pour le meilleur comme pour le moins bien. Si il ne faut que quelques scène pour crédibiliser la tendre relation entre ce père et son fils et rendre émouvant le trauma qui va survenir en brisant cet homme, la tentation de la vengeance surnaturelle m'a semblée un peu trop abrupt et mécanique . Rien de vraiment gênant mais j'ai eu un peu de mal à croire que cet homme dur et ivre de tristesse ne soit pas passer dans un premier temps par une volonté de vengeance plus personnel avant de se résoudre à faire appel à des forces occultes surtout pour changer finalement d'avis assez vite une fois la malédiction lancée, même si on comprends qu'elle l'affecte physiquement et mentalement. Des petits détails qui n'empêche aucunement le film de fonctionner d'autant plus que Lance Henriksen est formidable dans ce rôle de père que le désespoir pousse à la tentation du mal, l'acteur est même très émouvant dans son immense tristesse retenue comme un fardeau.
Le démon dont le nom est un poil mensonger (il n'a pas une tronche de cucurbitacées mais il est juste déterré d'un champ de citrouilles servant de cimetière) est plutôt chouette et impressionnant et même si sa vengeance manque un peu de violence et de brutalité sanguinolente il fait le boulot avec une implacable application. Je reste toutefois bien plus impressionné par la magnifique sorcière que Stan Winston nous propose dans son film , une vieille femme aux cheveux longs grisonnants, figure classique de la harpie mais que le réalisateur , grand spécialiste des maquillages et effets spéciaux, filme dans de magnifiques et étranges lumières chaleureuses d'une cabane perdue proche de marécages. Le film tout entier baigne d'ailleurs dans une très belle ambiance à la fois crue dans son versant réaliste et ensuite totalement surnaturelle . L'ambiance redneck est parfaitement rendue, à l'image par exemple de cette ferme/village crasseuse et perdue au fond des bois. L'aspect surnaturelle est lui magnifié par une photographie très eighties avec des nuits toute bleues et brumeuses éclairées par des projecteurs permettant des contre jours inquiétants et des intérieurs orangées tentant de symboliser la chaleur illusoire d'un abri. Même si cette opposition chromatique est un peu artificielle et systématique elle fonctionne parfaitement offrant de nombreuses très belles scènes comme la résurrection du démon dans la cabane de la sorcière, des apparitions très iconique du démon vengeur ou la magnifique séquence finale dans le cimetière. La thématique de la vengeance est aussi traitée avec beaucoup d'intelligence car si dans un premier temps Ed Harley semble délégué un peu lâchement la basse besogne aveugle (de tous les jeunes un seul est vraiment coupable) il comprendra vite que cette malédiction et cette violence l'affecteront profondément au point qu'il souhaitera rapidement y mettre fin. Sur un registre bien plus anecdotique on retrouve dans le film la toute première apparition de Mayim Bialik encore gamine et futur personnage de The Big Bang Theory (Amy Farrah Fowler), la comédienne Kerry Ramsen vue dans La Revanche de Freddy et Mushroom le chien de Gremlins.
Pumpkinhead : Le Démon d'Halloween est vraiment un chouette petit film fantastico-horrifique des années 80 à redécouvrir ne serait ce que pour sa belle ambiance , ses quelques images magnifiques, la performance de ce bon vieux Lance Henriksen et son regard plutôt malin et nuancé sur la mécanique destructrice de la vengeance.