Puzzle
5.6
Puzzle

Film de Eisuke Naito (2014)

Depuis la fin de Sushi Typhoon la visibilité en terme d’extrême nippon a malheureusement chuté, même si tout bon connaisseur saura qu’il faut se rabattre sur le catalogue Nikkatsu, puisque ceux-ci étaient à l’origine du label susnommé, et qu’ils produisent évidemment toujours des bobines extrêmes, comme l’excellent Killers. Aussi, il est parfois bon de voir ce qu’il se fait ailleurs, chez d’autres productions, comme avec ce Puzzle, présenté en avant-première occidentale au Neuchâtel International Fantastic Film Festival, mais disponible depuis quelques mois au Japon. Estampillé Kadokawa, ceux-là qui ont produit Iguchi et son Live (appelé aussi Raining Blood), le métrage nous rappelle très vite certaines références, et pas nécessairement les meilleures, type Saw (si ce n’est que le tueur principal ne cherche pas d’excuses pour commettre ses actes, tout comme le Nomura de Killers, qui tuait par simple plaisir). En effet, on retrouve cette narration imbuvable qui sert à palier une histoire loupant le thriller, à savoir commencer par la fin, puis remonter jusqu’à celle-ci en débutant quarante quatre jours plus tôt, tout en disséminant ça et là des indices afin de tenter de nous faire croire en des enjeux importants. Il est d’ailleurs assez étonnant que malgré cet artifice et sa durée relativement courte (1h25) le métrage se permette d’être ennuyeux, et pourtant il y arrive.
Dommage, car si Eisuke Naitô, à la fois réalisateur et scénariste, montre qu’il n’est pas plus doué pour l’écriture qu’il ne l’était avec son The Crone (2013), il a en revanche un réel talent de metteur en scène. On retrouve un aspect glauque comme seuls les japonais ont su nous en servir, où tout est composé de couleurs rassurantes dans les tons roses/pastels mais où les actes perpétrés, les situations, l’humour, la bande-originale, nous bercent dans un malsain terriblement efficace. Il est inutile donc de vous décrire à quel point cette disparité scénario/mise en scène a de quoi frustrer. Il est également à noter que bien que présenté comme « extrême », le métrage n’en est pas totalement un, les passages graphiques se comptant sur les mains d’une Tortue Ninja. Sans tout vous révéler, vous aurez le droit à une scène d’humiliation avec une femme enceinte et des légumes, puis une autre davantage splatter, avec des pièges faciaux assurant un instant de pure gratuité façon Sushi Typhoon, une bonne partie du décor finissant pourpre, avant de prendre son envol durant le dernier quart d’heure, aussi fort en gore qu’en terme de réalisation, et conclu par un générique de fin mirifique sublimé par la talentueuse Kaho (à l’affiche de Notre petite soeur, en salles françaises octobre 2015).
Puzzle est un film frustrant. À la fois bien mis en scène mais affreusement vide dans sa partie thriller, il lasse plus qu’il ne divertit, en tout cas durant ses trois premiers quarts. On lui trouvera beaucoup de points positifs, hélas ce sont justement ces points qui viendront enfoncer la frustration ressentie, partiellement gommée par un final ramenant à la hausse la considération du spectateur envers le métrage.


Critique

SlashersHouse
4
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le 17 août 2015

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