L’état des lieux actuel du genre de l’horreur est assez consternant. S’il a connu ses heures de gloire et gagné ses lettres de noblesse avec quelques chefs-d’œuvre, tels que La Malédiction et L’Exorciste ou, à un autre niveau, avec Freddy et Jason, il semble aujourd’hui délaissé par les grands cinéastes (le nouveau film de M. Night Shyamalan ne devrait rien y changer). Réduit à l’état de « roman de gare » du cinéma, il agonise lentement grâce à de piètres films, destinés presqu’exclusivement à un public adolescent en panne d’exigence et avide de sensations bon marché. Le film Ouija vient de le démontrer, Pyramide enfonce le clou (et c’est douloureux), à quelques nuances prêt.
Si Grégory Levasseur (Maniac, Piranha-3D) ne prend aucun risque avec Pyramide, enfonçant un bon paquet de portes ouvertes dont Wes Craven avait su se moquer dans Scream, il évite tout de même les ficelles trop grosses, de celles qui donnent envie de rire lorsqu’un film tourne au ridicule. Principal atout de Pyramide, aucun adolescent à l’horizon, pas d’écolière en jupe écossaise et à la poitrine généreuse. Levasseur nous évite donc les héros et héroïnes nunuches, adeptes des décisions en dépit du bon sens façon : « Si j’allais me promener seule sachant qu’un tueur rôde… » .
Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y pas de facilités car, planter le décor d’un film au fond d’une pyramide, sachant toutes les légendes que véhiculent ses tombeaux pharaonesques, c’est un scénario écrit avant de l’être et qu’il suffit de retoucher légèrement pour l’adapter à notre époque. D’où le lien qui est fait avec les manifestations égyptiennes de 2013, lorsque les citoyens croyaient encore en la fin de la dictature. Il n’empêche que ça fonctionne par moments, les peurs primitives (celle de la mort surtout) restant ce qu’elles sont : la plus grande confrontation de l’humanité avec l’inconnu. Par contre, il faut reconnaitre qu’on pense très fort à quelques films plus ou moins classiques du genre tels que La Momie, mais aussi Cube (héritage flagrant), avec ces héros enfermés et qui passent de salle en salle en enchainant les pièges mortels, ou alors Cube s’est inspiré des pyramides égyptiennes.
Alors il y a encore du found footage dans ce film. Genre cinématographique ou non, il faut bien reconnaitre que ce procédé s’est installé. Le but en reste encore inconnu. S’agit-il de crédibiliser une œuvre avec le verni de l’authenticité ? Mais depuis quand le cinéma aurait-il besoin de crédibiliser une œuvre de fiction ?! Qui peut croire que Blair Witch était un document authentique ? Le problème de Grégory Levasseur est qu’il fait le choix de mélanger le found footage à un film classique. Certes, cela évite les lourdeurs de ce procédé façon : « Tiens si je filmais ça ? Et ça ? Et ça ? », mais ça n’a aucun sens. On cherche un peu une signification aux moments en footage et aux moments classiques, visiblement il n’y en a pas. Levasseur fait dans la facilité, faisant du found footage quand ce n’est pas trop contraignant d’un point de vue scénaristique, mais aussi pour la mise en scène. Ce qui n’est pas trop grave car, si l’aspect immersif de ce procédé est très discutable, ce qui ne l’est pas c’est que ça donne généralement un résultat visuel dégueulasse.
Comme toujours avec les films d’horreurs actuels les acteurs et la musique, deux aspects pourtant primordiaux, sont traités avec négligence. Si le casting fait « le job » sans conviction mais sans démériter, il n’y a quand même pas de quoi casser trois pattes à un canard. Ashley Hinshaw (LOL-USA, True Blood) est (dans ce film), un cliché sur jambes : elle est blonde, elle est très jolie et évidemment, elle a droit à sa scène légèrement vêtue. Le mélange sexe et horreur (dont les Japonais sont friands) ne se dément pas, même si son intérêt reste à prouver. Mais il faut constater que les grands acteurs se désintéressent aujourd’hui du genre, et il est loin le temps de Max Von Sydow dans L’Exorciste ou de Jack Nicholson dans Shinning. Quant à la musique…quelle musique ?
Finalement, le mot qui caractérise le mieux Pyramide, avec tous les sous-entendus qu’il comporte (la lassitude surtout…) serait : « encore ». Encore un film d’horreur bidon, encore des perles enfilées, encore une blonde, encore des effets-spéciaux bas de gamme (question de budget probablement), encore des acteurs là faute de mieux, encore une bande-originale traitée comme une contrainte. Bref, encore une œuvre mineure qui joue les Big Mac cinématographiques : on la déguste sans déplaisir mais sans extase non plus et vingt minutes après l’avoir terminée, on a encore faim. Seul bon point, une fin en points de suspension.
http://www.cineseries-mag.fr/pyramide-un-film-de-gregory-levasseur-critique/