Je fais partie des gens vitupérés dans ce documentaire par les admirateurs inconditionnels de Tarantino, parce qu'il me faut bien avouer que j'ai détesté quelques uns de ses films, au prétexte qu'ils me semblaient gratuitement (et bêtement) violents. Parfois, je me suis sentie dépossédée par lui de précieuses heures que j'aurais pu consacrer à des considérations élevées sur le monde, la philosophie, enfin, toutes mes petites activités habituelles, en somme... Les intervenants de ce documentaire, tous amis et fans du réalisateur, trouveraient certainement que je n'y connais rien et que je méconnais son génie. Et pourtant, non, ça n'est pas le cas. Enfin, à moitié, si : je n'y connais effectivement rien en réalisation. Mais je sais reconnaître un discours hors norme, la maîtrise technique et un propos original. Et il m'arrive de soupçonner le génie qui habite certains artistes. Dont Tarantino, assurément virtuose dans son domaine, et universellement reconnu pour sa connaissance encyclopédique du cinéma. Cela n'enlève rien au fait que, selon moi, il galvaude parfois son talent. Ça arrive même à Spielberg, alors je ne lui en veux pas. Et, comme tout le monde, je me souviens parfaitement des circonstances dans lesquelles j'ai vu le révolutionnaire (et par moments pénible) Pulp Fiction, à Grenoble. Malgré mon avis mitigé, j'ai adoré écouter les acteurs et amis de Tarantino parler de son art. En son absence, mais leurs témoignages en dressent un portrait en 3D assez saisissant, et sympathique. Ce qu'il y a de sensass', dans le cinéma, c'est la quantité d'intervenants qu'il requiert, et donc la profusion de points de vue qui existent sur la même œuvre. Évidemment, l'actualité d'un peintre donne bien moins d'occasion à des réflexions passionnantes... "et là, quand je saisi mon tube de bleu céruléen, je m'aperçois qu'il a séché et que je ne peux plus l'ouvrir"... Bref, un film palpitant, enlevé et dans lequel on apprend quantité de choses sur les films de Tarantino.