Le pire avec ce film c’est que j’aurais déjà pu écrire un avis dessus avant de l’avoir vu puisque j’y ai finalement retrouvé tout ce que je craignais. C’est dire à quel point c’est prévisible dans la nullité… Tu le sentais venir d’avance le petit film sans idées qui allait s’appuyer sur un monticule de clichés gentiment racistes pour faire passer un message trèèèès subtil de tolérance derrière. Le nerf de la guerre d’une comédie réussie est pourtant bien simple, il suffit de surprendre. Mais ici point de surprise, tout est cousu de fil blanc et c’est absolument consternant.
Déjà, il faudrait commencer à écrire un scénario avec des enjeux et des personnages à la base. Et faire exister ces personnages. Ce qui n’est pas le cas ici puisque ceux-ci prolifèrent à l’écran sans qu’ils soient développés. Il fallait juste prendre un noir, un arabe, un juif et un asiatique pour ne heurter personne et voilà le résultat, on bâcle tout. Ces protagonistes s’avèrent donc profondément inintéressants, on ne sait presque rien d’eux, ils ne sont pas drôles puisque ce sont des bourgeois, comme les beaux-parents. D’où des décalages inexistants puisque finalement, hormis la couleur de peau ou la religion, tout les rassemble. Alors vous m’excuserez mais le message de tolérance là… Si le film mettait en scène des mariages de ces filles avec des noirs, arabes, blabla issus de classes populaires, là on aurait peut-être pu développer quelque chose d’intéressant et de drôle (dans l’hypothèse où le film est écrit correctement bien entendu). Mais rien à faire, le film reste didactique au possible pour ne jamais s’affranchir d’un politiquement correct lamentable.
Du coup je ne comprends pas l’adhésion du grand public là parce qu’on tient là le parfait film du petit bourgeois de gauche caviar absolument détestable et que tout est prévisible du début à la fin. Allez je dois bien avouer que j’ai souri une fois ou deux. Je me rappelle juste du père ivoirien qui balance un « Tu me pwends pouw l’oncle Ben’s ? » que j’ai trouvé assez drôle grâce à l’acteur mais le reste des « blagues » pwaaaaah… Le coup du Rabbi Jacob non mais franchement… Qui y a cru ? C’est possible d’écrire une vanne encore plus idiote ? Mais c’est le problème du film quoi, c’est une succession de petits sketchs avec des petites vannes et gags calculés au mot près pour que personne ne vienne taxer le film de racisme. Mais osez bordel ! Quand tu regardes du Baron Cohen, tu vois quand même un type qui ose le mauvais goût, qui jette des billets aux cafards pensant qu’ils sont juifs. Là c’est vraiment drôle, ça ne se refuse rien, ça ose la connerie XXL. Mais ce truc du Bon Dieu est tellement plat que ça ne vaut pas tripette. Un film drôle c’est aussi un film qui sait prendre des risques.
Sans surprises, c’est très convenu donc avec en prime une interprétation à côté de la plaque (faut dire que les dialogues n’aident pas non plus…). Inutile de préciser qu’il n’y a pas non plus d’idées de cinéma derrière ni même de simples idées de comédie comme les Monty Python savaient les accumuler. Ce film est quand même plutôt symptomatique de ce que nous proposent les médias nationaux aujourd’hui, à savoir un programme démagogique, simpliste et qui annihile toute réflexion puisqu’on cherche à nous imposer des schémas préétablis ou à enfoncer des portes ouvertes. C’est bien beau de promouvoir le multiculturalisme mais autant le faire en s’attaquant à autre chose qu’une caste de bourgeois qui n’est qu’un microcosme peu représentatif de notre société. Et voilà le plus gros succès français de 2014, une belle soupe amère et peu relevée. Bref comme le dirait si bien Jean-Pierre Coffe : « c’est d’la merde ».