We're sisters, Elvira. We know each other very well.
Deux sœurs, Jane et Blanche. Jane est Baby Jane, une enfant artiste de Music Hall, accompagnée par son père. Dans leur ombre : la mère et Blanche.
Le père ne voit que par Baby Jane. Jane est une petite blonde parfaitement imbue d'elle-même et insupportable. On sent que Blanche attend son heure pour pouvoir se venger.
Des années plus tard.
Blanche est une actrice qui a du succès. Jane joue comme un pied. Blanche oblige les studios à l'engager.
Un soir, elles rentrent dans leur maison.
Plan sur les jambes d'une femme qui ouvre un portail. Plan sur les jambes d'une autre femme qui appuie méchamment sur la pédale d'accélération de la voiture. Puis le choc.
Plus tard.
Blanche et Jane vivent toujours ensemble, dans leur grande et belle maison.
Blanche est en fauteuil roulant, cloisonnée dans sa chambre au premier étage, complètement dépendante de sa sœur.
Jane est acariâtre, mauvaise, dépensière et alcoolique.
Des rumeurs circulent comme quoi elle serait coupable de l'accident qui a rendu paralysée sa sœur, des rumeurs comme quoi elle aurait voulu l'assassiner...
Un film noir. Très noir.
Blanche, soumise, enfermée, solitaire. Qui a pour amis un oiseau (très vite zigouillé par Jane, et servit en repas), et une femme de ménage (qui sera aussi rapidement écartée). Elle regarde de vieux films, est toute en joie lorsqu'elle apprend que des gens l'aiment encore (alors que Jane lui cache tout ce qu'elle peut).
Des plans pris souvent par en-dessous, qui insiste encore plus sur l'étouffement et l'enfermement de cette femme à laquelle on s'attache d'emblée.
Jane, d'une laideur et d'une cruauté qui connaît de moins en moins de limite au fur et à mesure du film. On sent qu'elle est en train de perdre la raison : elle se comporte parfois comme une gamine, perd complètement contact avec la réalité, passe du rire aux larmes.
Elle est effrayante tant elle semble tout le temps sur le point d'exploser.
Des actrices ahurissantes, dans la vieillesse, les visages ridés, marqués... qui n'hésite pas à plonger dans le plus laid et le plus effrayant (pour Bette Davis surtout).
Un film noir et plein de suspens, avec des rebondissements qui donnent des impulsions d'espoir, toujours avortés. Une frustration de voir les tentatives de Blanche pour s'en sortir, et qui finit par aggraver son cas. Jusqu'au bout, le spectateur est tenu en haleine.
J'ai eu peur pour Blanche.
J'ai eu parfois pitié de Jane. Plus souvent, j'ai eu envie de l'étriper.
J'ai faillit crier à la voisine de récupérer cette boule de papier froisser. J'ai faillit lui crier d'y aller, de suivre son intuition d'anormalité dans cette maison.
J'ai eu envie d'épauler Elvira, la femme de ménage. De la soutenir, de l'encourager, de l'aider.
J'ai frissonné devant le malsain de certaines scènes.
J'ai frémis devant l'horreur perpétré par Jane.
Et... la fin...
Tragique, tellement. Et vraiment belle, touchante, émouvante. Terrible.
Un très très bon film.
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