Comédie romantique

Si on parle de Mike Myers à quiconque aime un tant soit peu le cinéma, il y a de grandes chances que les films Wayne’s World ou Austin Powers vous arrivent aux oreilles. Et pour cause, le premier a été un énorme succès, 183M$ au box-office pour un budget de 20M$, le deuxième a confirmé le talent comique de l’acteur et eu droit à plusieurs suites. Pourtant, ce ne sont pas les deux seuls films cultes, tout du moins aux States, de l’acteur et on pourrait également parler de So I Married an Axe Murderer sorti chez nous sous le titre Quand Harriet Découpe Charlie, référence à Quand Harry Rencontre Sally de Rob Reiner. Le film n’est clairement pas un succès au box-office, 27M$ de recettes pour un budget de 20M$, avec en plus un accueil mitigé de la part des critiques. Mais au cours des années qui ont suivi, le film a finalement acquis un petit statut de culte. Quand Harriet Découpe Charlie reste quoi qu’il en soit un petit divertissement sympathique, mais qui a clairement le cul entre deux chaises.

Mike Myers sortait donc du succès de Wayne’s World et a accepté ce rôle dans Quand Harriet Découpe Charlie car il aimait le scénario et que beaucoup de ses amis avaient peur de l’engagement, une des thématiques du film. Mais Mayers avait la grosse tête, son égo étant devenu assez démesuré depuis Wayne’s World, et le tournage n’a clairement pas été facile, ce dernier cherchant sans cesse à remodeler son personnage et le scénario, ou encore à refaire de nombreuses prises tant il était un maniaque du contrôle selon les dires de certains techniciens impliqués sur le tournage. Un moment pas facile pour le réalisateur Thomas Schlamme, qui se concentrera au final plus sur la télévision avec des épisodes de célèbres séries telles que Friends, Dingue de Toi, Urgences ou encore Ally McBeal. Quand Harriet Découpe Charlie va jouer sur deux tableaux, la comédie romantique d’une part, et la paranoïa sur fond de meurtre d’autre part. Le résultat est parfois un peu étrange et on a l’impression qu’on a affaire à deux films qui ont été mixés, mais avec l’un des deux qui se retrouve n peu étouffé par l’autre et qui n’arrive pas à complètement exister. On a l’impression que le scénario refuse de s’engager dans la noirceur de son postulat de départ (le fait que la petite amie du héros pourrait être une tueuse en série donc) comme a pu le faire l’année suivante le Serial Mother de John Waters. Il s’y essaie les vingt dernières minutes, mais sans jamais devenir suffisamment méchant pour réellement retenir l’attention car préférant un ton gaguesque à l’humour noir pur jus.

Il en résulte que certains moments censés être comiques semblent un peu forcés. Et s’ils sont un peu forcés, surtout par leur longueur (comme la scène dans la boucherie), c’est parce qu’au final, l’intrigue est assez mince et le scénario ne semble pas avoir assez de substance pour tenir sur la longueur. Il ne dure que 1h33, mais une durée de 1h20 aurait sans doute permis au film d’être un peu plus pertinent. Mais à l’inverse, d’autres gags sont plutôt bien trouvés comme ce policier, élevé aux séries TV, qui rêve d’être sur le terrain, de poursuivre des meurtriers, d’avoir un chef qui ne fait que l’engueuler, mais qui se retrouve à faire de la paperasse dans un bureau, avec un chef beaucoup trop gentil. Le personnage interprété par Anthony LaPaglia (Innocent Blood, la série FBI Portés Disparus) est clairement celui qui va amener le plus d’humour au film, que ce soit donc les conversations avec son supérieur, le moment où il discute de la chanson « Only You » ou encore cette scène improbable où il tente de réquisitionner une voiture. Le timing comique du film est plutôt bon, malgré les quelques gags un peu forcés du film, avec un humour fonctionnant surtout sur le côté ironique de certaines situations et une alchimie plutôt intéressante entre Mike Myers et Nancy Travis (Bogus, La Disparue). Les scènes entre ces derniers montrent de nombreuses idées intéressantes, certes pas toujours exploitées comme elles le devraient mais néanmoins suffisamment enjouées pour que le côté parfois forcé cité précédemment finisse par au final ne pas être si gênant que ça sur la durée.

Bien qu’il ne marque pas les esprits, Quand Harriet Découpe Charlie offre un visionnage agréable car il possède un charme des plus sympathiques. Dommage que le côté plus sombre du scénario ne soit pas suffisamment exploité.

Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-quand-harriet-decoupe-charlie-de-thomas-schlamme-1993/