Jean-Paul Rouve a su trouver dans son second film en tant que réalisateur une approche intéressante pour illustrer des moments de tendresse sans tomber dans l'excès de pathos habituel. Le film n'est pas parfait, loin de là, il y a même un flot de petites imperfections ou du moins de simplicités scénaristiques assez gênantes, mais "Quand je serai petit" propose suffisamment de bonnes choses par ailleurs pour atténuer ses mauvais côtés.


Je ne saurais pas trop dire si le concept est inédit, mais l'idée est assez originale, dotée d'enjeux séduisants : que se passerait-il si on tombait nez-à-nez avec la personne que l'on était 20 ou 30 ans auparavant ? Le tout sans voyage temporel à la "Retour vers le futur", mais plutôt comme le fruit du hasard. Plus que rencontrer soi-même, en étant le seul conscient, c'est aussi rencontrer tout le microcosme autour de cette époque, les parents, les amours, les secrets. Alors bien sûr, Jean-Paul Rouve tire un peu trop fort sur les cordes des violons dans le dernier quart d'heure (ah, cette dernière séquence "émotion" en repassant les images du père défunt... quelle mauvaise manie), et c'est particulièrement regrettable, mais la dimension mélancolique de cette fable étonnante m'est apparue très tendre, très pudique, dans les premiers moments en tous cas. Une incertitude quant au genre du film à proprement parler (serait-ce du fantastique ?), initialement, n'est pas non plus pour me déplaire.


Il y a une vision nostalgique des différentes amours, enfantines, familiales, remplie de tendresse. Le ton est plutôt juste, le personnage interprété par Rouve himself est attachant de par son inquiétude générale, et son affection pour son autre moi (un gamin vraiment bon dans son rôle), comme un père et un fils dans la même personne (ou presque). Les tête-à-tête avec son père, un discret Benoît Poelvoorde, sont sobres, sonnent justes, et donnent une étrange couleur introspective au voyage.


[Avis brut #87]

Morrinson
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le 7 mai 2016

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