Noir, c'est noir
Vingt minutes de folie furieuse et naissance de deux monstres sacrés : « Quand on est amoureux, c'est merveilleux », malgré son statut de court-métrage, est une taloche d'amplitude planétaire, le...
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le 20 mars 2013
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Coup-d'envoi de la carrière de Fabrice du Welz, Quand on est amoureux c'est merveilleux est un court-métrage réjouissant et extrêmement prometteur. Ses vingt-trois minutes recèlent plusieurs figures importantes des œuvres à venir (amour déréglé, solitude pathologique), mais aussi de ses acteurs phares : ainsi le futur Bartel de Calvaire est présent (Jackie Berroyer), film (le premier long, en 2005) où des frustrations voisines changent de sexe et de milieu ; quand à Edith Le Merdy, elle fera une apparition géniale dans Alléluia en 2014 (quoique tous les seconds rôles féminins y soient remarquables). Du Welz recrute des gueules (dont l'entarteur Noël Godin, Michel Crémadès – le chanteur ringard des Visiteurs 2) et accessoirement Laure Sainclair, actrice porno en reconversion.
Les fantaisies du film évoquent un peu les joyaux de Caro (Delicatessen, La cité des enfants perdus), percutés par ces côtés belges autistes et cinglés (le producteur Vincent Tavier a participé à C'est arrivé près de chez vous et Atomik Circus) liant des œuvres plus par le ton que par la forme. Loin de l'humour terrifiant de Calvaire ou du sérieux profond de Vinyan, cet opus donne dans le glauque burlesque, avec des éclairages baroques et du glamour patraque côtoyant la poussière la plus grasse (photo de Benoit Debie). Edith Le Merdy incarne un gnome déformé, une vieille fille sortie de piste, apparemment depuis pas mal de temps. Du Welz se donne les moyens d'exulter sa fougue (récompensée du prix courts-métrages de Gerardmer), d'une gracilité inimitable, avec ses vices (sensation d'incomplétude, 'facilités') et ses vertus (du génie brut et frais, avec l'absolutisme du premier essai).
Des excentricités plus secondaires s'agrègent, un évadé de Coneheads chante « Madame madame petite madame », un personnage anodin s'appelle monsieur Fulci (réalisateur italien, dont plusieurs travaux flirtent avec le mystique, comme L'Au-delà, Frayeurs ou même L'emmurée vivante). Malheureusement, format court oblige sans doute, le film creuse peu ses facettes. L'issue est un peu décevante, soulignant que le scénario n'est pas l'important ici. Les prouesses et l'ambiance seuls valent le détour. Malgré l'horreur de la chose, la séance est chaleureuse et drôle, au sens jubilatoire ; il n'y a pas de sentiments troubles ou mesquins dans la conception, plutôt une compassion pour les monstres. On s'amuse avec eux et même d'eux sans acrimonie, car la formule « nul n'est méchant volontairement » trouve une excellente illustration.
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le 7 oct. 2015
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