Quarante tueurs par drélium
Ce western ne manque pas d'intérêt. Il est dense et court à la fois, atypique, relativement noir, presque anti-manichéen, psychologique et romantique, l'image est belle, les thèmes nombreux. Mais je ne suis pas franchement rentré dedans. Le montage semble un peu bancal et passe assez facilement du coq à l'âne pour débiter un maximum de caractérisations en un temps très court, comme un tableau global de la fin du Far West recroquevillé dans une toute petite bourgade énervée. Les acteurs ne sont pas géniaux quand même et vu le nombre de seconds rôles, ce n'est pas toujours fluide et plaisant à suivre. Ensuite, c'est tout de même assez maladroitement romancé, avec la petite chanson sur la femme fatale, les joutes amoureuses entendues, le tireur ultime tellement respecté qu'il peut s'approcher à 20cm du kid surexcité sans se faire tirer dessus tellement sa démarche et son regard sont puissants. Le mec est un freak de la gâchette soit disant. Mmouais, un peu bovin ce regard tout de même. Le trio principal masculin c'est bien simple, se trouver un super canon à leur mesure, c'est quasiment leur objectif premier.
Barry Sullivan est un tueur expérimenté sans faille qui a tout connu, ça se voit dans ses yeux et sa mâchoire. Il s'échoue sur Barbara Stanwyck, cow-girl blonde, femme d'affaire autoritaire à l'armure à priori impénétrable qui a tout entrepris et tout réussi. Et tout le monde tourne autour de la question : y-a-t-il un avenir possible dans un tel contexte ? Survivrons-nous à cet ultime sursaut de violence après avoir tant bravé ? Le tableau est solide. On y reconnait Samuel Fuller, ces multiples couches superposées de noirceur et de désir d'indépendance, un mélange entre le glacial rigide et les sentiments fragiles éclatés. Mais je ne saurais trop dire pourquoi, ça fait un peu beaucoup de petites péripéties à la chaîne et de morts inutiles pour un happy end aussi foireux.
***gros spoiler***
Sans aborder le plan final véritablement naze, le jeune impulsif en sort grandi au lieu de se faire tuer et le fier bras droit inamovible est tué le jour de son mariage. C'est assez culotté comme inversement de tendance mais bon... C'est pas Le Parrain comme mariage hein, c'est plus : là c'est le jour du mariage, là les mariés, là paf ça tire, hop, il est mort, hop t'as rien vu, c'est normal, ça a été trop vite, c'est fait exprès, et l'autre s'échappe, et hop on passe à autre chose parce que j'ai 40 scènes de dialogues subséquents à enchaîner. Même le duel final, "I'm killed! I'm killed!", il est obligé de tout gâcher en sortant ça ? C'est vrai qu'un personnage aussi dérangé pourrait peut-être sortir ce genre de chose avant de mourir après tout mais bon...
Et le jeune qui revient pile poil au bon moment en ayant soit disant sauté de la diligence et parcouru 800m en quelques secondes, il sort d'où lui ?...
***gros spoiler***
Sinon d'un autre côté, c'est quand même vachement bien, j'ai quelques scrupules vite fait... Et la scène de la tornade noire et blanche déchire.