Qu'il est difficile de réussir sa reconversion professionnelle pour un yakuza ! Quartier violent s'intéresse au sujet tant pour l'individu, ici un ancien chef de clan subalterne qui tente de faire prospérer le club dont il a hérité en reconnaissances de ses faits d'armes, que pour la société mafieuse alors qu'elle joue désormais la carte de la légalité. Car bien vite, les ressentiments passés et les tensions d'expansion en cours viennent réveiller les vieux démons qui sommeillent, dont cette fameuse violence en titre qui va faire couler le sang.
Derrière la façade de respectabilité moderne que veulent se donner les boss du clan subsistent les méthodes de voyous, et surtout, l'absence totale de morale et de reconnaissance envers ses propres hommes, ce qui autorise de prospérer financièrement sur le sang des jeunes fidèles ou des plus anciens devenus un poids inutile et dont on organise cyniquement l'entre-tuerie. La conclusion, très nihiliste, montre la vacuité de ces conflits justifiés par des pseudo-valeurs d'un code d'honneur vidé de sa substance et qui ne sert que les plus puissants.
Quartier violent s'inscrit donc dans une veine jitsoroku avec ces yakuzas en fin de règne condamnés à mourir pour rien. Le film explore des ambiances assez variées (le club de flamenco, les affrontements dans le poulailler...) et des idées plan sympas (le meurtre au milieu des mannequins en plastique), avec quelques accès érotiques voire bis (le duo de tueurs à gage dont l'étonnant travesti). La menée de l'histoire manque un peu de rythme pour toutefois bien se réveiller sur la fin, avec un assaut des plus meurtriers (starring Bunta Sugawara en participation surprise). Et la séquence finale est vraiment percutante.