Quatre étoiles par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Franssou est une jeune professeur d'anglais toute simple menant avec son compagnon une vie monotone et sans relief. Un beau jour une lettre qui va bouleverser sa vie lui parvient pour lui annoncer qu'elle hérite d'une somme conséquente de cinquante-mille euros. Que faire de cet argent qui vous descend du ciel? Franssou décide de profiter de la vie et part subitement pour un séjour au Carlton de Cannes. C'est là qu'elle fait la connaissance de Stéphane, un client arrogant et d'un énorme sans-gêne. Celui-ci jongle comme il peut entre mensonge, dette de jeux et escroqueries en tous genres. Franssou est la proie toute trouvée pour renflouer le portefeuille de cet homme sans vergogne. Malheureusement pour lui, Franssou se révèle une redoutable "femme d'affaires" et parvient à prendre Stéphane à son propre jeu. Il l'utilise alors pour tenter de berner un ancien et richissime pilote automobile en cherchant à lui vendre frauduleusement une villa. Pour y parvenir son machiavélisme le poussera à se servir de Franssou. Est- ce enfin la bonne solution pour se sortir d'une situation précaire et mal engagée?


Que faire c'est vrai lorsqu'on est une jeune fille toute simple, fréquentant un bien conformiste garçon tout simple, vivant dans un appartement tout simple et qu'il vous arrive l'enchantement de recevoir par surprise une coquette somme d'argent? Pour Franssou: tenter l'évasion en s'octroyant ce que l'on a jamais osé rêver et dans le cas présent, le luxe du plus grand hôtel de la Croisette. Mais ces lieux enchanteurs sont aussi les endroits de prédilection des snobs, des flambeurs, des petits magouilleurs dont Stéphane en est un exemple frappant.


Cannes est donc toute indiquée pour la rencontre de deux êtres diamétralement différents dont le fil conducteur n'est que le magot. L'arrogant macho, certainement en mal de reconnaissance et pris au piège de ses goûts de luxe, passe son temps à se débattre afin d'échapper à la toile d'araignée tissée par des individus cherchant à récupérer le montant des dettes de jeux qu'il a contractées. Franssou pourrait être la proie idéale. Malheureusement pour notre escroc, celle-ci séduite également par les paillettes se montre manipulatrice et fine mouche. L'épreuve de force est donc engagée entre ces deux personnages. La solution extrême de confier à Franssou le rôle de rabatteuse afin de vendre frauduleusement une villa à René, un ancien sportif benêt et timide, n'arrangera pas pour autant les affaires de Stéphane dont les sentiments humains se réveillent enfin, entraînant un sentiment de jalousie exacerbé envers une certaine complicité entre le coureur automobile et Franssou, dopée par ce jeu quelque peu pervers.


Notre cinéma français est souvent capable du meilleur comme du pire. Dans le cas présent, la deuxième solution se présente. Christian Vincent, le réalisateur, ne fait pas dans la dentelle pour nous présenter une comédie ennuyeuse, tournant en rond, aux gags prévisibles et d'une lourdeur absolue. A cela s'ajoute un brin de psychologie à quatre sous dont les effets en deviennent agaçants tant l'analyse est convenue et dérisoire.


Dans cette comédie dont l'originalité et le rire sont loin d'être les qualités primordiales, on notera le conformisme d'Isabelle Carré loin d'avoir là un rôle à sa mesure, le tempérament excessif et souvent agaçant de José Garcia surjouant son personnage à fond et le rôle ridicule et d'une platitude absolue offert à François Cluzet... le pauvre. Tout cela est bien triste, bien ennuyeux et bien plat pour nous confectionner un divertissement de qualité à tel point que nous assistons à un petit film qui, comme quelques autres, disparaîtra vite de la mémoire du Septième Art.


Ce tout petit film de Christian Vincent porte un titre bien surestimé par rapport à l'intérêt qu'il suscite. Lorsqu'on entre dans cette intrigue, on est aussi pressé d'en sortir que dans un modeste hôtel de passage d une étoile. C'est d'ailleurs pour ma part la classification qu'il mérite.

Grard-Rocher
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le 3 sept. 2014

Modifiée

le 2 sept. 2014

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