Le Swinging London
La conjoncture autour de ce premier film des Beatles est exceptionnelle parce que le film et l'album arrivent au meilleur moment pour consacrer la gloire d'un groupe mythique. Pourtant, le film est...
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le 13 août 2017
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Nous sommes en 1964, cela fait à peine un an que le premier album des Beatles est sorti et ces derniers sont déjà des stars dans toute l'Europe. Cependant, être à la tête du hit-parade et occuper (sans partage ou très peu) le premier plan du paysage musical n'est visiblement pas suffisant et c'est donc au mois de mars qu'est tourné le premier film à la gloire du groupe. Le tournage durera une cinquantaine de jours et ce sera quelques mois plus tard que le long-métrage sortira.
Cette sortie engendrera un certain succès critique mais surtout populaire, consolidant la popularité sans précédent des Beatles dans le monde entier et faisant de chaque membre du groupe une icône culturelle, similaire à celle d'Elvis. Il est à noter que Quatres Garçons dans le Vent est l'un des tous premiers films de rock'n'roll et qu'il a ouvert la voie à des vagues successives de films musicaux, influençant ainsi l'industrie du cinéma (avec des permutations entre les scènes faisant avancer l'histoire et celles dites "musicales") pour les décennies à venir. On voit bien qu'en 2023, soit 59 années après la sortie du film, nous sommes encore loin d'avoir dit au revoir à ce genre cinématographique.
Synopsis : Londres 1964. Trois jours dans la vie des Beatles qui déclenchent partout où ils passent des phénomènes d'hystérie collective. Ils vont donner un concert à la télévision, et on les suit successivement dans le train, dans la rue, dans un club, en répétition, en concert, habituellement accompagnés du grand-père de Paul qui sème la zizanie partout où il passe.
Voici le pitch du film est il est assez difficile d'établir à quel point nous sommes sur de la fiction ou du documentaire, à quel point la vie montrée des Beatles est ici exagérée (fantasmée?) ou tout à fait réaliste. La question se pose tant tout ce qui entourait les scarabées semblait être touché par l'irrationalité. Que ce soit la passion que le groupe suscitait -la fameuse Beatlesmania, ou bien la personnalité des différents membres du groupe qui correspondent chacun dans le film à l'image qu'on se fait à peu près d'eux durant ces années-là. On imagine malgré tout facilement que considérant ces derniers, leurs traits de caractère aient été amplifiés voire caricaturés, notamment leur imprévisibilité et leurs côtés "têtes-brûlées" qui permettent les péripéties du long-métrage.
Plus généralement, quel est mon ressenti général vis-à-vis de ce film culte? Tout d'abord, je dirais que je comprends pleinement le succès de ce dernier. Voir les Fab Four réunis ensemble, entre dialogues/situations humoristiques et séquences musicales, durant une heure et demi est un exercice quelque chose d'agréable et rafraîchissant.
En effet, le film arrive a assez bien capté l'insouciance du groupe de ses premières années, à la fois ce qu'ils étaient individuellement mais aussi en tant que groupe et l'impact qu'il en résultait autour d'eux, que ce soit au travers de leur équipe que du public. Le tout est très bien représenté sur cette superbe scène d'intro, où retentit le titre éponyme du film (dans sa version originale) et de l'album qui suivra; A Hard Day's Night.
Si de voir la bande de Liverpool est enthousiasmant, je vais enfoncer la porte ouverte pour dire qu'entendre leur musique est tout autant si ce n'est plus appréciable. Ces scènes musicales constituent toujours de jolis moments (exemplairement la scène où est interprétée If I Fell), même lorsqu'elles laissent parfois une place importantes aux cris incessants des fans aux émois. En toute honnêteté, si les Beatles peuvent être une raison suffisante à certains pour être nostalgique, la Beatlesmania elle est une raison pour moi de ne pas l'être.. le film n'est ici que le miroir d'une réalité qui aura contraint le groupe d'arrêter les concerts, ne trouvant pas l'utilité de continuer si eux-mêmes n'arrivaient pas à s'entendre..
Une fois que l'on sort du contexte "le spectateur qui peut profiter de la situation rare qu'est celle de regarder les Fab Four pendant 90 minutes", le film est plutôt anecdotique. Tant formellement que dans son fond. Il ne faut en effet pas s'attendre à une analyse profonde et une réflexion poussée sur le monde de la musique en tant qu'industrie (disons que certaines points sont légèrement effleurés) , ni sur l'impact culturel et le fanatisme que cela peut engendrer.. un peu cocasse lorsqu'il est question notamment de Beatlesmania, spectaculaire exemple du phénomène. Néanmoins on ne va pas reprocher à un film de ne pas être ce qu'il ne veut pas.
Il y a des choses en revanche à redire sur la mise en scène. Réalisé par Richard Lester, futur réalisateur de Superman II/III ou de On L'appelait Milady notamment, ce dernier ne se sert pas de la caméra pour raconter. Elle est factuelle, parfois même aléatoire dans sa manière de transmettre l'information. Le film est parfois aussi surcoupé, ce qui empêche certaines vannes d'avoir plus de portée, je pense notamment à la séquence du train, au début du film. Ici le tableau est un peu noirci mais le travail fournit par Lester tient globalement bien la route et le film reste plaisant à suivre.
Pour moi, le succès de ce film se justifie par le fait qu'il met en scène le groupe le plus connu et influent de ces soixante dernières années. L'humour ne fait pas toujours mouche, il y a ici et là des petites longueurs et le classicisme parfois pauvre de la réalisation n'est pas à la hauteur d'un groupe qui arrive tout de même de par sa présence à rendre le visionnage agréable. D'ailleurs, si je n'utilise pas de superlatifs vis à vis du métrage et de mon rapport à ce dernier, il est évident que beaucoup d'autres le feraient et l'ont déjà fait car les Beatles sont les Beatles, avec toute l'irrationalité que cela peut impliquer et la magie qui peut en résulter de les voir, jeunes et pleins de vie, dans ce qui peut être considérée comme une bulle enchantée.
Après tout, que ce soit dans les errances captées de Ringo sous fond sonore une jolie réinterprétation instrumentale de Dear Boy, l'accent "prolo" de George, les gamineries de Lennon (McCartney est lui plutôt discret dans ce film) et bien sûr les séquences musicales, il y a de quoi faire pour s'enthousiasmer après une "dure journée..nuit".
Créée
le 19 juin 2023
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