Que peut-on imaginer quand on ne connait pas l'oeuvre de Skolimowski quant à ce film dont le titre ne laisserait qu'imaginer une plate histoire d'amour vaguement adultérine, mensongèrement auteuriste; en somme bêtement Européenne...

Re-situons le cinéaste. Jerzy Skolimowski que l'on ne connait pas forcément très bien en Europe de l'ouest est Polonais. Il est de cette génération de cinéaste ayant usé ses pants sur les bancs d'une école de cinéma, à l'époque où celles-ci ,structures que l'académisme n'avait pas encore rongé ,crachaient quelques prodiges dans presque chacune de leurs promotions.
Il fût entre entre autre compagnon de Roman Polanski, écrivant même le scénario du premier film de ce dernier. Et si l'on a vu son visage bourru dans Eastern Promises, on est pas trop surpris que l'homme ait pratiqué la boxe. Il préside par ailleurs dans quelques jours la sélection un certain regard/ court-métrage au festival de cannes 2011. Voila pour le réalisateur.

Dés l'ouverture le réalisateur se joue de nous. Quelle est l'abomination qu'est en train d'exécuter cet homme avec lequel il ouvre son film en gros plan?
Pour nous laisser découvrir quelques instants plus tard qu'il ne s'agit que de l'usage d'un bas métier. Le suspense lancé est immédiatement désamorcé. Les effets de mise en scène ne semblent pas intéresser ce cinéaste qui s'en dégage en en prouvant sa maitrise comme simple formalité.
Les pulsions vitales, l'engagement physique(rappelons que le cinéaste a boxé), la dépense, l'énergie la puissance des sentiments sont ceux qui intéressent notre ami polonais. Des stratégies et des dispositifs qu'il utilise, certains pourraient leur reprocher un certain formatage. Peut-être, mais à moins d'être soumis à une certaine cinéphile, et encore d'une méthode qui n'est alors que très rare à l'est lorsque Jerzy l'envisage.

Le personnage principal va se retrouver emporté tel un aire Ellroyen par ses penchants voyeuristes, à la différence que ici, le retard mental du héros recouvre sa perversion d'une innocence toute enfantine.
Quatre nuits durant il regardera Anna, Skolimowski ne nous laissera que peu regarder celle-ci, il nous placera certes nous aussi dans une position classique du voyeur, néanmoins la notre ne sera pas aussi innocente que celle de son personnage. Nous observerons avec délectation celui-ci, dont la naïveté l'entraine vers les en dehors de la justice. Nous spectateurs du zoo humain, regarderons le pauvre débile amoureux se perdre dans ce que nous qualifions d'une perversion, alors qu'à cet instant nous sommes les pervers.
Mais Skolimowski comme on le disait plus haut ne se contente pas d'un effet de mise en scène, sa réalisation est à tiroir, constante. Après avoir désamorcé un effet, il va retourner son dispositif en transformant le besoin de regarder de son spectateur en empathie puis en colère.

Ce film exceptionnel semblait faire suite à une tendance du cinéma mise en avant par la rédaction des cahiers de l'époque faisant état d'un désir d'une certaine cinématographie de se tirer vers l'est.(Inland Empire, Eastern Promises...)
Que cherchaient ses cinéastes? Si l'on dégage "quatre nuits avec Anna" du bagage ésthetique dont on vient de l'affubler, reste une chose évidente, la force, l'entièreté et la sincérité du sentimentalisme. Alors voilà ce qu'on pourrait se dire de cette tendance de 2007, ces cinéastes issus de cinématographie établies semblaient aller chercher la puissance émotionnelle et la sincérité intacte des artistes de l'est, comme si celle-ci protégé par la rigueur et le froid survivaient à la tentation commerciale au cours des siècles.
Traviser
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le 10 mai 2011

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