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Pompage d'une analyse critique référencée. Will i get killed :-)

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Analyse et critique


Quatre tueurs et une fille est le deuxième des six films réalisés par Richard Carlson, un artiste hollywoodien surtout connu en tant que comédien. Sur les planches de Broadway dès les années 30, il entama sa carrière cinématographique en 1938 chez David O’Selznick avant de tourner pour différents autres studios. Servant dans les rangs de l’armée américaine durant la Seconde Guerre mondiale, il eut du mal à se remettre en selle avant 1948, année au cours de laquelle il fut tête d’affiche dans L'Antre de la folie (Behind Locked Doors) de Budd Boetticher, et plus tard dans deux des films de science-fiction parmi les plus célèbres des années 50, Le Météore de la nuit (It Came from Outer Space) et L'Etrange créature du lac noir (Creature from the Black Lagoon), tous deux signés Jack Arnold. Entretemps, il fut aussi au générique des Mines du roi Salomon (King Solomon's Mines) d'Andrew Marton, aux côtés de Stewart Granger et Deborah Kerr, ainsi que, dans le domaine du western, dans celui de L'Expédition de Fort King (Seminole) de Budd Boetticher dans lequel il était très convaincant en officier psychotique, maniaque de la discipline et du règlement. Son succès dans le film de science-fiction au début des années 50 fit qu’on lui confia la mise en scène de Riders to the Stars dans lequel il était également devant la caméra. Il réalisa immédiatement dans la foulée le western qui nous concerne ici et qui, disons-le d’emblée, est une très belle réussite à tous les niveaux. Une totale découverte qui prouve pour notre plus grand bonheur qu’il reste encore des pépites à dénicher au sein du patrimoine cinématographique.


Four Guns to the Border est un western très peu connu et pourtant il bénéficie d’une petite notoriété auprès des rares critiques ayant eu la chance de le voir en salles (dont Jean-Luc Godard qui ne cachait pas son enthousiasme à son égard) du fait surtout de son érotisme hors norme pour l’époque. Une fois n’est pas coutume, cette réputation était entièrement justifiée à tel point qu’on a du mal à comprendre comment la censure n’a pas joué de ses impitoyables ciseaux à cette occasion ; il y a de fortes chances pour qu’elle n’ait pas visionné cette série B dont il n’y avait a priori aucune raison de se méfier ! L'on doit donc bien se rendre à l’évidence : Elsa Martinelli dans La Rivière de nos amours d'André de Toth, Angie Dickinson dans Rio Bravo de Howard Hawks, Tina Louise dans Le Bourreau du Nevada de Michael Curtiz et Jennifer Jones dans Duel au soleil de King Vidor peuvent toutes aller "se rhabiller" car la charmante Colleen Miller leur dame le pion à ce niveau. Le cinéaste semble avoir été hypnotisé par sa comédienne qui, moyennement talentueuse, a bien d’autres avantages à nous offrir surtout au travers de vêtements presque constamment mouillés. Lorsque l’actrice est à l’écran, il n’y a presque pas un plan d’elle où la caméra ne s’attarde pas sur ses jupes retroussées, ses jambes nues ou sur un trou au milieu de ses corsages ou pantalons déchirés. La séquence où, un soir d’orage, elle court sous la pluie et dans la boue en nuisette tout en relevant ses dessous avant de tomber dans les bras de Rory Calhoun qui lui donne l’un des baisers les plus fougueux vus jusqu’ici, est d’une rare sensualité. La plus étonnante reste néanmoins celle où elle lèche un sucre Candy avant de se faire gicler dans la bouche une gorgée de salsepareille après avoir secoué la bouteille. Soit j’ai les idées mal placées soit il s’agit d’une des séquences les plus suggestives de l’histoire du cinéma hollywoodien ! Mais qu’on ne s’y trompe pas, le western de Richard Carlson a bien d’autres atouts ; il ne s’agit pas que d’un western pour se rincer l’œil même s’il est vrai que de ce point de vue, les spectateurs s'étant déplacés uniquement pour cette raison en auront eu pour leur argent et seront difficilement restés de marbre.


Quatre bandits sur le point de commettre un hold-up ; les mêmes, poursuivis par une milice une fois leur larcin effectué ; un père et sa fille en route pour se rendre à leur ranch alors que les Indiens menacent de passer à l’attaque... Pas grand-chose d’original ni de très novateur a priori. Et pourtant, que ce soit sur le fond ou la forme, Four Guns to the Border est un film d’une réelle richesse, non seulement d’une efficacité à toute épreuve lors des scènes d’action mais également d’une humanité qui lui fait honneur. Ici, pas de bandits abjects, pas d’honnêtes gens hypocrites, de braquages de banque sans morts ni blessés, aucune traitrise de part et d’autre. Et puis, alors que nos four guns sont sur le point de réussir leur coup et de passer la frontière, allant pouvoir ainsi échapper à toutes poursuites et enfin vivre dans l’opulence, voilà qu’ils décident tous de prendre le risque de se faire appréhender le temps d'aller porter secours à des personnes en danger, se faisant tous confiance successivement en se repassant le butin de main en main, chacun étant certain (avec raison) que le possesseur des sacoches ira attendre les autres à l’abri avant de débuter le partage. Un sacrifice qui sera malheureusement payé très cher mais qui nous aura donné l’occasion de nous montrer une brochette de bad guys sans égoïsme, cupidité ou méchanceté, ce qui était assez rare dans les westerns de cette période. D’ailleurs on ne trouve pas plus de manichéisme que de clichés chez les "honnêtes gens", aucunement hypocrites, mesquins ou couards (le couple composé de Charles Drake et Nina Foch est tout à fait attachant lui aussi). Non seulement les bandits iront aider Bhumer et sa fille à se sortir d’une mauvaise passe mais ils n’hésiteront pas à se servir du butin comme arme, Jay Silverheels utilisant la sacoche pleine de pièces d’or comme gourdin, faisant s’éparpiller le trésor sur le champ de bataille en assommant avec violence un guerrier Apache. Cette longue séquence d’attaque indienne est d’ailleurs un modèle du genre, le découpage comme la mise en scène s’avérant ici de première qualité, certains plans étant même bluffants comme ceux, très dynamiques, suivant les chevaux au galop ou encore certains autres, très impressionnants, voyant les chevaux et les guerriers s’écraser à terre.


On pouvait d’ailleurs dès le premier plan du film déceler cette efficacité et cette inventivité dans la réalisation de Richard Carlson. Celui-ci nous montrait un travelling qui s’arrêtait en cadrant un miroir à travers lequel, en plan fixe à présent, on assistait à un cambriolage. Plus tard, on pourra s’extasier à nouveau au vu de la beauté de certains plans (le réveil de Colleen Miller, celui où elle se retrouve au milieu d'un champ de fleurs, le rocking-chair au milieu d’une habitation en cendres...) et de quelques splendides éclairages nocturnes, notamment lors des séquences dans le relais précédant le deuxième hold-up aboutissant à cette fameuse nuit d'orage. Lors de la scène finale, on se réjouira encore de ce superbe plan sur le visage de Rory Calhoun caché derrière un rideau de dentelle ondoyant. Entretemps, la mise en scène de Carlson n'aura pas démérité, ne se montrant jamais terne ni paresseuse. Pour en revenir aux personnages, non seulement nos quatre hors-la-loi sont loin d’être haïssables mais ils se révèlent même bon enfant, tout du moins pour deux d’entre eux, ceux interprétés par Jay Silverheels et George Nader qui sautent sur la moindre occasion pour se chamailler, riant à gorge déployée une fois leurs bagarres homériques terminées après que les deux autres, plus matures, ont néanmoins été obligés d’intervenir avant que cela ne s'envenime. Les deux autres, ce sont donc Rory Calhoun, toujours aussi laconique, dans l’un de ses plus beaux rôles, ainsi que le talentueux John McIntire, l’un des plus grands seconds rôles du genre. Walter Brennan a rarement été aussi sobre et Charles Drake se révèle une fois de plus excellent dans la peau du shérif de la petite bourgade de Cholla. Le segment central et urbain de ce western est d’ailleurs quasiment un film dans le film, l’intrigue bifurquant d’un coup vers une autre histoire, celle du conflit qui a lieu entre le bandit et l’homme de loi, ex-amis séparés par le choix qu’a dû faire la femme qu’ils aimaient tous les deux pour l'un d'entre eux. Mais en fait, contrairement à ce que nous aurions pu croire, le tout reste fluide et ce nouvel arc narratif est parfaitement relié aux deux parties qui l’entourent, prouvant s'il en était besoin, que le travail des scénaristes est ici tout aussi louable que celui du réalisateur.


Comme pour l’ensemble du film, ce segment est lui aussi tout aussi réussi techniquement qu’au niveau de l’écriture. Impossible de ne pas remarquer avec extase le long travelling arrière qui précède la foule traversant une grange pour se rendre à l’endroit ou va se dérouler le combat à mains nues, avant de se terminer sur un mouvement de grue vertical qui se clôt sur une plongée sur le groupe agglutiné autour des pugilistes. Tout comme il est impossible de ne pas être ému par Nina Foch essayant de faire cesser le combat opposant deux hommes qu’elle a aimés (l’un étant toujours son époux adoré) ; son désespoir met fin à cette séquence teigneuse en montrant l’intelligence et l’amour de ce très beau protagoniste féminin superbement campé par la charmante Nina Foch, la Marie Antoinette de George Sidney dans le chef-d’œuvre de ce dernier, Scaramouche, que l'on ne voit malheureusement ici que durant un temps trop restreint. L’autre personnage féminin, c’est donc cette adolescente naïve interprétée par Colleen Miller, et dont le prénom Lolly préfigure étonnement le roman de Nabokov sorti pourtant seulement en 1958 aux États-Unis. Elle aura une séquence similaire à celle de sa partenaire, tentant elle aussi d’empêcher son compagnon de risquer bêtement sa vie. Si son talent dramatique n’est pas évident à déceler, elle sera néanmoins très convaincante lors de la scène finale d’une belle puissance émotionnelle. « S'il s'en sort, ne t'oppose pas à notre histoire d'amour » implore Lolly à son père avant que non seulement l’amour mais aussi l’amitié finissent par triompher, ce très joli happy-end ne dépareillant pas trop le ton d’un film qui nous aura pourtant fourni son lot de disparitions tragiques juste quelques minutes auparavant lors de la séquence inoubliable de l’attaque indienne.


Une mise en scène constamment dynamique, efficace et inventive, un scénario dense et superbement bien écrit d’après une histoire d’un des plus prolifiques romanciers du Far West, Louis L’Amour, des personnages tous sympathiques et attachants, une photographie splendide signée Russell Metty, une musique pas désagréable supervisée par Joseph Gershenson, pour au final une ode à la confiance et à l’amitié, à la raison et à l’amour. On aurait préféré des comédiens dans l'ensemble plus chevronnés, mais en l'état Four Guns to the Border peut être considéré comme une des plus belles réussites de la série B westernienne des années 50 ; et encore une fois, elle a été produite par la compagnie reine du genre, la Universal. Quant au producteur William Alland, il en était à sa troisième belle réussite dans le domaine du western : The Raiders (L'Heure de la vengeance) de Lesley Selander et Victime du destin (The Lawless Breed) de Raoul Walsh étaient déjà de petites perles du genre. Quatre tueurs et une fille est un western à sortir de l'oubli de toute urgence !
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Source : https://urlz.fr/frYk


Trailer : https://urlz.fr/frYu

Jean-2022
7
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le 20 avr. 2021

Critique lue 135 fois

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Jean-2022

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