Queen et la presse, spécialisée ou non, ont toujours été comme chiens et chats. Le quatuor britannique n’acceptait guère les critiques négatives et ne se privait pas de remettre leurs auteurs à leur place. En représailles, les journalistes dézinguaient méthodiquement le groupe, fermant les yeux sur les dizaines et dizaines de stades remplis à craquer (ce qui n’a jamais été une garantie de qualité, je vous l’accorde) mais surtout l’admiration suscitée par Queen au sein de la profession, de David Bowie à Axl Rose en passant par The Who.
Dans ce contexte, il est évident que peu d’images d’archives nous étaient alors accessibles, les musiciens fuyant les interviews. Queen : Days of Our Lives, documentaire produit afin de célébrer les 40 ans d’existence du groupe, est donc un événement puisqu’il d’agit du premier vrai documentaire traitant de l’histoire du groupe, images inédites à l’appui.
On sent que Matt O’Casey se veut le plus complet possible dans son travail. La période traitée débute à la création de Queen lorsque Freddie Mercury gravitait autour de Smile, groupe de Brian May et Roger Taylor avant finalement de l’intégrer et d’en changer le nom (et la destinée) pour finir sur le concert hommage à ce même Freddie Mercury en 1992.
S’il est bien entendu impossible de raconter toute l’histoire d’un groupe qui a connu autant de succès en deux heures, on pourra toutefois regretter que les premiers albums soient traités très rapidement, avec simplement l’évocation de titres phares et quelques anecdotes sur leur production. Le documentaire se concentre davantage sur la deuxième partie des années 80 et le destin tragique du leader, sans pour autant essayer de nous émouvoir outre-mesure. A ce titre, je trouve les témoignages de Brian May et Roger Taylor (John Deacon n’ayant pas souhaité apporter sa pierre à l'édifice) d’une sincérité touchante. On sent qu’ils ne souhaitent pas glorifier leur groupe malgré leur immense succès ou tirer la couverture à eux lorsqu’il s’agit d’évoquer la contribution de chacun et leur amitié avec Freddie Mercury. On sent par ailleurs toute la tendresse qu’ils avaient à son égard et leur sobriété lorsqu’ils évoquent des souvenirs qu’on sent pourtant chargés d'émotions est tout à leur honneur.
Si le documentaire d’O’Casey n’est pas une révolution, il permet un éclairage utile sur un groupe qui a, sans contestation possible, marqué l’Histoire du rock. Tout au long des deux heures d’images (et de son !), on prend conscience qu’en plus d’avoir un des chanteurs les plus charismatiques jamais vu, Queen possède un catalogue de tubes long comme le bras, à tel point que la liste des titres qui n’ont pas trouvé leur place impressionne davantage que la discographie complète de beaucoup d'autres artistes.
Un indispensable pour tout amateur de musique.