The Formalist
A sa manière, et c’est probablement ce qui divise dans son cinéma, Guadagnino œuvre toujours à la frontière de l’impressionnisme, cherchant à imprégner l’imaginaire plus que le conscient, développant...
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le 26 févr. 2025
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Après être passé par une revisite d'Argento, le cannibalisme et le tennis, Luca Guadagnino reprend un peu la recette qui avait fonctionnée pour "Call me by your name". Et pas seulement car c'est une nouvelle adaptation d'une romance gay mais parce-que l'on y retrouve également la différence d'âge entre les deux protagonistes, l'amour difficile voire impossible et un contexte culturel et historique très marqué et qui a son importance dans l'histoire. Et en même temps, on ne peut pas tout à fait dire que c'est la même chose que pour "Call me..." car c'est ici une adaptation certes mais non d'une fiction.
En effet, il s'agit de l'autobiographie de William S. Burroughs (alors sûrement un peu romancée connaissant le bonhomme), ce qui change pas mal de choses dans notre rapport au film ! Effectivement, on s'attache peut-être alors plus facilement au personnage principal, notamment dans la première partie nous le présentant comme un alcoolique et un drogué écumant les bars de Mexico à la recherche d'un jeune amant pour la nuit. Et il va finir par tomber sur un jeune homme laissant derrière lui une certaine ambiguïté concernant sa sexualité.
Du coup, on retrouve encore une fois un peu de "Call me..." (après, j'arrête avec la comparaison, promis !) avec ces deux futurs amants qui se cherchent un peu de la même manière même si c'est ici un peu moins subtil et un peu moins long car ce n'est pas vraiment le sujet du film. Et je dois dire que cette première partie n'est pas spécialement captivante mais néanmoins sympathique.
C'est notamment la mise en scène qui est la plus réussie dans cette première partie, le réalisateur parvient parfaitement à retranscrire l'ambiance étouffante de l'Amérique du Sud, ce qui fonctionne très bien avec les thèmes qu'il aborde, tout en filmant dans des décors volontairement factices. Ce qui permet de s'autoriser beaucoup plus de choses avec la mise en scène mais surtout de mettre progressivement le spectateur dans le ton de la seconde partie, beaucoup plus farfelue. Seconde partie que je n'ai, pour être honnête, pas vraiment apprécié.
Ne parvenant pas à obtenir la connexion qu'ils recherchent (enfin surtout William qui a peur de poser les bonnes questions), les deux amants partent à l'autre bout du monde pour aller chercher une drogue leur permettant de communiquer par télépathie. Effectivement, entre échanges creux, regards fuyants, rapports sexuels uniquement charnels voire violents, les deux personnages se fuient l'un l'autre, l'un ayant peur de la solitude et l'autre ayant peut-être peur de ce qui découlera de cette relation.
Bref, ce sont certes des sujets intéressants mais le réalisateur les traite de manière trop grotesque, ce qui correspond sûrement bien à la persona du romancier dont c'est, je le rappelle, l'autobiographie, mais trop, c'est trop. Et à un moment, ça en devient indigeste et on décroche ainsi complètement de l'histoire pour n'attendre la fin qu'avec impatience. Je n'ai en effet rien ressenti devant cette seconde partie que j'ai trouvée bien lourde, parfois rigolote, parfois dure envers ses personnages, mais jamais envoutante, là où "Call me..." (eh oui, j'ai menti pour la comparaison), ayant bien-sûr des thèmes fondamentaux assez différents, parvenait à créer une seconde partie et un épilogue particulièrement marquants.
Néanmoins, la mise en scène reste toujours aussi réussie, en accentuant notamment cette ambiance onirique qui tourne parfois au cauchemar. Concernant le casting maintenant, on retiendra bien évidemment surtout Daniel Craig qui impressionne de par son jeu et son implication dans le personnage mais il en est de même pour Drew Starkey qui en impose de par son charisme.
Voilà, tout ce long texte juste pour dire que, finalement, "Queer", c'est sympa sans plus.
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Créée
le 27 févr. 2025
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