" Nos amours se tirent une balle, et la cohabitation "
Je n'avais qu'une envie pendant ce film, serrer ma mère dans mes bras, pleurer très fort, m'enfouir la tête dans son parfum et lui dire que je l'aime. C'est stupide me direz-vous ce genre de réaction mais c'est parce que j'ai vu dans ces scènes magnifiques de maîtrise, où les silences sont brisés au bon moment, une émotion vraie, juste, derrière le mutisme de ces deux-là, la mère et le fils, de ces êtres que Brizé filme pudiquement, de loin sans besoin de grands effets, de gros plans, même la musique se fait discrète, mutine et douce. Et quand Alain hurle ça nous hérisse, on a envie de traverser l'écran pour prendre la superbe Hélène Vincent dans nos bras et lui dire que tout va bien. Chaque plan est puissant, à l'image du partage avec un tendre voisin (superbe prestation d'Olivier Perrier) d'un dernier quatre quart qui a "pris un coup de chaud", le temps de se dire adieu sans se le dire vraiment, tout en tendresse.
A l'image de "Parlez-moi de vous", où il fallait retirer le souffle à une mère pour l'entendre dire je t'aime, c'est ici dans un dernier souffle que le rendez-vous manqué de toute une vie se fera et que l'étreinte désespérée brisera la glace. Comme le chien qu'on utilise pour faire revenir un fils, on suffoque mais si on sort de ce film bouleversé on en sort aussi grandi, parce qu'on sait qu'il est toujours possible d'être digne et de se rattraper même quand la chute est inévitable, même quand on fait tout de travers. Magistral, maîtrisé, puissant et simple. Un grand film qui ne se montre jamais ni pathétique, ni militant mais juste et vibrant. Stéphane Brizé confirme toutes mes attentes et se pose clairement comme le cinéaste à la fois de la pudeur et de la délicatesse, celle de dire les choses avec retenue mais en faisant éclater la douleur ...
PS: Vincent Lindon : ... !